Souidani
Boudjemaa, tombé au champ d'honneur le 17 avril 1956 près de Koléa, à l’âge
de 34 ans, a été un brillant organisateur aussi bien dans sa région
d’origine, Guelma, que dans la Mitidja, qui l’a adopté pendant la
guerre de libération.
Appartenant
à l’aile radicale du mouvement nationaliste, partisan de l’action
armée, membre fondateur du Comité Révolutionnaire de l'Unité et de
l'Action (CRUA), Soudani Boudjama est également membre du groupe
historique des ''22''
qui a décidé de la date du déclenchement de la guerre de libération.
Né
le 10 février 1922 à Guelma, il a fréquenté l'école française
jusqu’au baccalauréat.
Fils unique d'une
famille modeste, il a abandonné ses études en
1939 pour travailler dans une imprimerie à Guelma. Il effectue ses
premières armes de militant en confectionnant tracts et documents pour
le PPA.
Auparavant,
il avait adhéré à l'organisation des Scouts Musulmans Algériens (SMA),
au
sein du groupe ''Ennoudjoum'' (les Etoiles) de Guelma. Son cheminement
naturel le mène en 1942
au Parti du Peuple Algérien (PPA), où il devient rapidement chef
de groupe et puis chef de section.
Ce
sportif, passionné de football, rejoint entre 1941 et 1945 ''l'Espérance
Sportive de Guelma'' où il est connu sous le nom de ''L'express''.
Emotif, très sensible, il lui arrivait souvent de pleurer en
parlant de la situation de l'Algérie à cette époque.
Il
est témoin des massacres du 8 mai 1945, durant lesquels des milliers
d'Algériens ont été exécutés.
Il connaît une première fois la prison pour avoir participé aux
manifestations. Sa condamnation à trois ans de prison est la première
d'une longue série.
La violence coloniale renforce ses convictions nationalistes et finit
par le convaincre de la nécessité de passer à l'action. Il devient un
des animateurs les plus connus de l’aile radicale du PPA-MTLD.
Grâce
à l'aide d'un militant, responsable du magasin d'armement dans une
caserne de l'armée française, il se procure des armes
et des munitions, qu'il entrepose dans des caches. Cette activité se
poursuit jusqu'en juillet 1946. Il est alors arrêté et condamné à
dix huit mois de prison.
Lors
de son procès, il déclare que ''les armes sont destinées à la lutte
armée que doit engager le peuple algérien contre l'occupant étranger''.
A
sa sortie de prison, en janvier 1948, il reprend ses activités
politiques et opte pour son aile radicale, l'Organisation Secrète (OS).
Il y est chargé de la formation militaire et du transfert d'armes et de
munitions de Guelma vers d’autres villes.
Il
s'installe de 1949 à 1951 dans la région de la Mitidja, au douar
Halouia, à Soumaa, près de Blida, où il prend le surnom de ''Si
Djillali''.
L'Organisation Secrète le mute ensuite à Oran où il participe, le 4 avril, en compagnie de
Ahmed Ben Bella, Hocine Aït-Ahmed et Ahmed Bouchaïb notamment, à la célèbre attaque de la poste d'Oran, une opération
destinée à réunir les fonds nécessaires au déclenchement
de la lutte armée.
Il participe à une
autre attaque à Boudouaou, durant laquelle est abattu le commissaire
Cullet. En 1953 il est au cœur d'une opération contre la Société de
l'Ouenza. Les condamnations pleuvent. Il est condamné à la prison aux
travaux forcés à perpétuité par un tribunal d'Oran , et condamné à
mort par un tribunal d'Alger.
Soudiani
Boudjemaa a alors totalement basculé dans la clandestinité. Ce lettré
se retrouve alors très éloigné des luttes d’appareils qui
paralysent le MTLD. Durant l’été 54, il fait naturellement partie du
groupe des ''22'' qui a décidé de la date du déclenchement de la révolution
armée.
Au
déclenchement de la guerre de libération, il est désigné comme un
des adjoints de Rabah Bitat, premier responsable
de la zone (wilaya) IV. Il est responsable de la Mitidja.
Le 1er novembre 1954, Souidani Boudjemaa et ses compagnons lancent
plusieurs opérations armées dans la Mitidja et l'Atlas blidéen. Lui-même
fait partie de l’unité qui attaque la caserne de l’armée française
à Boufarik.
La
région qui lui est confiée, la Mitidja, est le symbole de la colonisation
française, avec de puissants colons et une forte concentration d’unités de
l'armée coloniale. Il organise et structure les maquis algérois, met
en place des réseaux, aménage des caches, recrute des hommes pour
encadrer les commandos et fabriquer les bombes, en vue d'assurer une présence
de longue haleine.
Le
17 avril 1956, il tombe au champ d'honneur lors d'un accrochage à
Magtaa Kheira, près de Koléa.
Il se rendait à moto à un rendez-vous avec des journalistes
quand il est intercepté par un barrage de l'armée coloniale. Il est
tué dans les armes à la main, comme il le souhaitait.
En
1997, à l’occasion du 41eme anniversaire de sa mort, un village a été
baptisé en son nom près de l’endroit où il est mort.
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