Alger
a fait partie de la Wilaya IV par intermittence. Dans l’organigramme décidé
lors du déclenchement de la guerre de libération, la capitale était
intégrée à la Wilaya IV, et son PC y était installé. Grâce à la
densité démographique et aux mouvements incessants de populations,
Alger était un carrefour idéal pour la communication, les rencontres
et les réunions. C’était aussi une place forte pour le financement
du FLN-ALN.
La
présence de nombreux militants d’anciens partis, de la plupart des
universitaires de l’époque renforçait sa position. C’était un
lieu propice aussi pour négocier l’adhésion au FLN des anciens
dirigeants de partis, comme ce fut le cas pour ceux du MTLD, du Parti
Communiste et de l’UDMA. Mais cette position s’est effritée avec le
temps, à mesure que l’action armée s’imposait comme premier
recours.
Rabah
Bitat, premier chef de la Wilaya IV, a été arrêté à Alger en mars
1955. Cela n’empêchait pas les autres dirigeants d’y rester ou de
s’y rendre souvent, comme Abane Ramdane, Larbi Ben M’Hidi et
d’autres.
Le
congrès de la Soummam décidait d’ériger Alger en Zone Autonome. Le
Comité de coordination et d’exécution, organisme dirigeant de la révolution,
issu créé également lors du congrès de la Soummam, s’installait à
Alger pour quelques mois.
La
conjoncture politique de l’époque allait mettre la Zone Autonome en
première ligne. La grève des sept jours, décidée pour appuyer la
demande d’inscription de la question algérienne à l’ONU, allait déclencher
ce qu’on devait appeler la bataille d’Alger : des milliers de
parachutistes contre quelques dizaines de fidaiyine.
La
grève fut un succès, mais les conséquences très dures pour Alger.
Elle perdait l’essentiel de ses réseaux, ainsi que les principales
figures qui ont symbolisé cette période, comme Ali La Pointe et
Hassiba Benbouali, tués dans une maison de la Haute Casbah par le
dynamitage de la maison où ils s’étaient cachés, en refusant de se
rendre. Des milliers de personnes furent arrêtées, et d’autres trouvèrent
refuge dans les Wilaya IV ou III.
Larbi
Ben M’Hidi était à son tour arrêté le 23 février et assassiné début
mars. Les autres membres de la direction décidèrent de quitter Alger
le 27 février. Krim Belkacem et Benkhedda se rendirent à l’extérieur
à travers la frontière tunisienne, Abane Ramdane et Saad Dahlab à
travers la frontière marocaine, alors que le congrès de la Soummam
avait énoncé le principe de la primauté de l’intérieur sur l’extérieur.
En
décembre 1957, une rencontre eut lieu entre
Omar Oussedik, émissaire de Si M’Hamed Bougara, et le Colonel
Amirouche, chef de la Wilaya III, pour tenter de réorganiser Alger. La
mission en fut confiée à la Wilaya III, la Wilaya IV se chargeant
d’y contribuer par quelques cadres connaissant Alger. La missiobn fut
confiée à Khelifa Boukhalfa, Mohamed Seghir Saïdani et Ahmed Chicha.
Ils jetèrent les bases d’une nouvelle organisation, avant de tomber.
Khelifa Boukhalfa fut tué près du Sacré Cœur, Chicha à Chéraga, et
Mohamed Seghir fut arrêté.
Pour
combler le vie politique qui semblait dominer Alger, Ahmed Fekhar,
responsable politique de Médéa, fut à son tour envoyé à Alger en
mai 1958. Il fut à son tour arrêté.
Les
réseaux existant à Alger se trouvaient livrés à eux-mêmes, en
l’absence d’une coordination efficiente. La Wilaya IV décidait de
mettre la pression dans les zones proches d’Alger relevant de son
territoire. Sehaoula, Zéralda, Chéraga, Aïn-Benian furent ainsi
choisis comme théâtre d’opération pour diminuer la pression sur
Alger. Au cœur de la capitale, Boualem Kerras fut abattu rue de la
Lyre, à La Casbah, par un commando de la zone une en mai 58. Le chef de
la zone une, Boualem Cherchali, fut tué à Sehaoula au cours d’une opération.
Ce
n’est qu’en 1960 que la Wilaya IV fut de nouveau chargée
officiellement de prendre en charge l’organisation du FLN-ALN à
Alger.
Le
travail fut laborieux. Il finit cependant par porter ses fruits,
bien que très
difficilement. La Wilaya IV put ainsi mettre sur pied des réseaux
qui contribuèrent à l’organisation des manifestations en 1960 et
1961. Un officier de la Wilaya IV fut tué lors des manifestations de
décembre 1960. Les réseaux urbains se chargèrent aussi de réorganiser les
collectes de fonds, de structurer la ville, et de mettre sur pied un
service de propagande devenu très efficace.
Ceci
se faisait sans moyens ni logistique, encore moins de directives
politiques précises de l’extérieur, la direction de la révolution
étant à l’époque totalement paralysée par la crise entre l’état-major
et le GPRA. La direction se situait déjà dans la perspective de
l’indépendance et de la course au pouvoir qui s’en suivrait. Elle décida
d’ailleurs de nouveau de soustraire Alger à la Wilaya IV, en érigeant
de nouveau la capitale en Zone Autonome, et en envoyant des hommes la
contrôler. |