Kobus,
de son vrai nom Belhadj Djillali Abdelkader, est un ancien militaire formé à
l’école de Cherchell. Fils d’un lieutenant de l’armée française, il adhère
au PPA-MTLD, fréquente l’aile la plus radicale, pour devenir numéro deux de
l’OS dont où il est chargé de l’entraînement militaire.
En cette
fin des années 1940, Kobus est très connu des militants, mais aussi de la
direction. Il est si puissant qu’un congrès du MTLD se tient dans le haouch
(ferme) familial à Zeddine, à l’époque une toute petite localité située
dans la wilaya de Aïn-Defla, en retrait de la route Alger-Oran, en allant vers
l’Ouarsenis.
Le démantèlement
de l’OS par la police française aboutit entre autres à l’arrestation de
Belhadj Djillali. Malgré les consignes de l’Organisation, il reconnaît les
faits. C’est, pour lui, le début de la déchéance.
Il est
mis en quarantaine jusqu’à sa sortie de prison en 1955. Les militants se méfient
de lui. Il tente de prendre contact avec le FLN-ALN mais personne ne veut de
lui. Au sein du FLN, il est fortement soupçonné d’avoir été retourné par
les services spéciaux français, qui veulent l’injecter au sein de l’ALN.
Cette méfiance,
ajoutée au dépit d’un homme qui a été au sommet et se voit rejeté, en
fait une proie facile pour les services spéciaux français, qui le poussent à
monter un maquis parallèle à celui de l’ALN.
Son
prestige auprès de ceux qui l’avaient connu dans les années quarante reste
cependant important. Ils lui font confiance, peu d’entre eux pensant à une
trahison. Bon organisateur, il monte rapidement une milice dans la région de
Zeddine, se procure des armes auprès des autorités françaises, organise des
unités, et promet de passer à l’action armée.
Il réussit
à faire illusion pendant de longs mois. Il hisse les drapeaux algérien et français
côté à côte, parle comme un chef de guerre sur le point de passer à
l’action, tient un discours nationaliste, et s’en prend au FLN-ALN dont il
qualifie les militants de « communistes », « aventuriers »
ou « bandits ». Seuls quelques hommes très proches de lui
semblaient réellement être au courant de ses projets.
Fin 1956,
il disposait de plus 500 hommes, dans des cantonnements situés entre la route
Alger-Oran et l’Ouarsenis. Il a recruté dans la région, mais aussi à Alger
et dans de nombreuses villes, où il était connu comme ancien militant
nationaliste.
A partir
de début 1957, commencèrent des accrochages entre ses milices et l’ALN. Mais
toujours aucune action contre les forces coloniales. Le doute commença alors à
s’instaurer parmi ses hommes, dont certains prennent contact individuellement
avec le FLN et le rejoignent.
Kobus
poursuit ses actions contre le FLN-ALN. Il coordonne son action avec le bachagha
Boualam, dont les troupes se trouvent un peu plus à l’ouest, dans la région
de Beni Boudouane.
En 1957,
durant le Ramadha, le commando Djamel, dirigé par Si Mohamed Bounaama, alors
capitaine, chef de la zone trois, lance une attaque contre le fief de Kobus.
Cette fois-ci, l’aviation française intervient ouvertement, pour la première
fois, aux côtés de Kobus.
Le
doute n’est alors plus permis. Des hommes, de plus en plus nombreux, cherchent
une issue pour rejoindre le FLN. C’est le cas notamment de l’un de ses
proches, Ahmed Belkacem, que Kobus décide d’exécuter lui-même.
Rachid
Bouchouci, responsable des liaisons et renseignements de la zone trois,
multiplie les contacts avec les hommes de Kobus. Il ne s’agit plus, désormais,
de l’éliminer seulement, mais de faire un exemple, de renverser la vapeur, et
de tirer le maximum d’armes de l’opération. Ceci après les précautions
d’usage. Les dirigeants de la Wilaya acquièrent la conviction totale que la
majorité écrasante des hommes de Kobus l’avait rejoint en pensant réellement
œuvrer pour l’Algérie, et qu’ils ne cherchent qu’une issue pour se
rattraper. La pression de leur part se fait forte, et il faut leur demander de
patienter pour bien préparer l’opération.
Si M’Hamed
Bougara, chef de Wilaya, donne son accord pour que les hommes de Kobus
rejoignent l’ALN, à condition de ramener leur armement et la tête de Kobus.
Ce sera fait dans la nuit du 27 au 28 avril. Près de 1.000 hommes rejoignent
les monts de Amrouna, sur les contreforts de l’Ouarsenis, avec armes et
bagages et la tête de Kobus. Près de 800 d’entre eux sont armés, bien que
leur armement ne soit pas très perfectionné qu’ils ne ramènent aucune arme
lourde : les services spéciaux français s’étaient montrés prudents et
avares en dotation pour Kobus.
L’armée
française lança aussitôt une opération de poursuite gigantesque, tant
l’enjeu était important. Elle dura trois jours entre Amrouna, Bethia et
jusque dans la forêt El-Medad de Theniet El-Had. L’aviation fut utilisée de
manière intensive, et les pertes parmi ceux qui venaient de rejoindre l’ALN
furent très élevées. Plus de cent d’entre eux furent tués avant même d’être
intronisés au sein de l’ALN.
Les
rescapés furent disséminés à travers les zones et secteurs. Beaucoup
cependant manquaient s’entraînement et de formation, e-t succombèrent
rapidement.
L’histoire
de Kobus était close.
|