Présentation de la
Wilaya IV
La
zone 4, devenue Wilaya IV après le congrès de la Soummam d’août 56,
s’étendait sur le centre du pays, de l’ouest de la Kabylie à la région
de Chlef, sur près de 250 km d’est en ouest sur 200 km du nord au
sud. Elle englobait notamment Alger, avant que celle-ci ne soit érigée
en zone autonome, avant d’être à nouveau rattachée à la Wilaya IV.
C’était
la région la plus riche du pays. Avec Alger et ses environs, qui
regroupait l’essentiel de l’industrie de l’époque, avec aussi les
plaines de la Mitidja et du Chéliff, la Wilaya IV abritait les
directions politique et militaire de l’occupation, les principales
fortunes et les grands lobbies coloniaux.
La
Wilaya IV a été divisée, dans un premier temps, en quatre zones:
Zone
une : à l’est d’Alger, elle englobe Bouzegza, Zbarbar, Tablat,
avec comme principales villes Larbaa, Meftah, Lakhdharia (Palestro),
Tablat, Aïn-Bessam, Thénia (Menerville), Rouiba, Boprdj El-Kiffan,
jusqu’à El-Harrach.
Zone
deux : Elle comprend l’Atlas blidéen, les montagnes du Chénoua,
la Mitidja et le Sahel. Les principales villes en sont Blida, Médéa,
Berrouahia, Boufarik, Koléa, Mouzaïa, El-Affroun, Hadjout, Cherchell,
Aïn-Benian, Chéraga et Birkhadem.
Zone
trois : elle comprend les monts du Dahra, le Zaccar, l’Ouarsenis,
la plaine du Chéliff, avec comme principales villes Chlef, Miliana,
Khemis Miliana, Aïn-Defla, Theniet El-Had, Ténès, Tissemsilt, Mahdia.
En
1957, fut créée une quatrième zone sur l’ancien territoire de la
zone 1, Wilaya VI, à la suite de la crise née à cette époque suite
à l’affaire Cherif Bensaïdi, un officier de l’ALN qui a fait
dissidence dans cette région. Cette nouvelle zone englobait le monts du
Dirah, Bougaaden, El Kef Lakhdar, avec comme principales villes Sour
El-Ghozlane, Sidi Aïssa, Aïn-Boucif, Bir Ghebalou, Ksar El-Boukhari, Aïn
Ouessara et Ksar Chellala. En juin 1958, cette zone passa de nouveau
sous la coupe de la wilaya VI.
En
juillet 1958, la zone 3 fut partagée en deux, avec comme ligne de
partage la route Alger-Oran et le lit de l’Oued Cheliff. Le côté sud
conserva la désignation de zone 3, alors que le côté nord devint zone
4, à laquelle fut rattachée une portion de la zone 2, notamment la région
de Cherchell.
Le
congrès de la Soummam donna une véritable structuration à la wilaya
IV, qui y était représentée par quatre dirigeants : Amar
Ouamrane, chef de Wilaya, Sadek Dehilès, Si M’Hamed Bougara, Ali
Mellah.
Aussitôt
après le congrès, la wilaya fut structurée à travers ses zones. La
zone une tint sa réunion en septembre 56, à l’issue de laquelle Ali
Khodja fut désigné à sa tête. Il était assisté par Si Lakhdhar
(Rabah Mokrani), chef militaire, Abdelkader Omar Mouhoub (chef
politique) et Abderrahmane Laala (Liaisons et renseignements – LR).
La
zone deux tint sa réunion le 22 octobre à Sebaghia. Tayeb Djoughlali
fut désigné à sa tête. Ses adjoints étaient Hamoud Benyoucef
Boudissa (Si Hassan), chef politique, Mohamed Tayeb Slimane (Si Zoubir),
chef militaire, et Yahia Kalache (Si Liès), LR.
La
zone trois fut structurée en janvier 57. Son chef était Mohamed Alili
(Si Baghdadi), secondé par Djillali Bounaama (Si Mohamed), chef
militaire, futur chef de la Wilaya IV, M’Hamed Benmahdjoub chef
politique et Mohamed Belkebir (Si Belahcène) chargé des LR.
La
situation géographique de la Wilaya IV en a fait une zone extrêmement
dure. Incluant Alger, elle s’est trouvée la plus durement surveillée,
l’armée coloniale essayant systématiquement de réduire alors les
« troubles » à des régions éloignées. Loin des zones
frontalières, elle était la plus difficile à approvisionner en armes
à partir du Maroc et de la Tunisie. Elle était également peu représentée
au sein de la direction à partir du moment où celle-ci s’installa à
l’étranger, en 1957. Ses anciens chefs étaient en prison (Bitat), ou
peu influents, comme Ouamrane et Dehilès.
Les
dirigeants de la Wilaya tentèrent de contourner ce handicap par des
contacts avec les autres Wilayas à l’intérieur. Avec la Wilaya V, le
contact était permanent à partir de 1957, soit à partir de l’Ouarsenis,
soit des monts de Ténès. Avec la Wilaya III, la continuité géographique
par le biais des monts de Lakhdharia facilitait le contact, également
permanent. Avec la VI, la Wilaya est intervenue à plusieurs reprises
pour régler des problèmes nées de défections ou de maquis parallèles,
comme celui de Bellounis. Si M’Hamed Bougara se rendit jusque dans la
région de Mila, en Wilaya II, pour une réunion entre Wilayas de
l’intérieur.
A
toutes ces difficultés, la Wilaya IV fut aussi le théâtre des plus
grandes opérations de contre-révolution, de contre maquis et d’expérimentation
de techniques de la contre guérilla. Du maquis de Kobus aux groupes
d’autodéfense, du bachagha Boualem au maquis communiste de Maillot,
des infiltrations à l’affaire de l’Elysée, elle eut à faire face
à des situations très délicates, qui ont épuisé une partie de son
énergie.
Elle
réussit toujours à rebondir, transposant le combat en ville quand les
campagnes étaient durement frappées, dispersant ses unités quand
l’armée française lançait de grandes opérations militaires, privilégiant
systématiquement l’action politique et les actions symboliques pour
affirmer sa présence. Avec, au bout, la victoire.
La
Wilaya IV a eu sept
commandants
en sept années de guerre. Trois sont tombés (Bougara, Si Salah et
Bounaama), et quatre ont survécu (Bitat, Ouamrane, Sadek Dehilès et
Si Hassan). |