L’idéal
de liberté et d’indépendance s’est, de tout temps, mêlé aux
fibres les plus intimes du peuple algérien. Ceux qui prétendent que
nous nous battons pour mot vide de sens témoignent d’une grande
ignorance de notre Histoire qui a enregistré en lettres de feu la
vitalité et la permanence de cet idéal. Pourchassé par l’oppresseur
français, il est inaltéré et continua, aux heures les plus sombres de
la colonisation, de nourrir d’illuminer la conscience populaire.
L’organisation
révolutionnaire du peuple dans les maquis et les zones libérées réalise
les conditions d’une vie libre, débarrassée des entraves coloniales
et favorable à l’exercice spontané de l’esprit créateur.
Il
faut pénétrer dans ces régions où la liberté préside aux destinées
du peuple et confère à son existence quotidienne un caractère de
jeunesse et de nouveauté pour s’apercevoir de la profondeur des liens
vitaux qui soudent la révolution.
Les
populations d’Algérie ont conservé des souvenirs vivaces de la conquête
française. Ces souvenirs, qui se transmettent de père en fils sont
autant de messages et d’ancêtres humiliés et réduits en esclavage,
à l’intention des générations futures qui leur doivent vengeance et
à qui revient la mission sacrée d’effacer la honte de 1830.
Ces
souvenirs parlent et retracent les tableaux hauts en couleurs de la
conquêt : les exactions et les massacres, les dévastations de régions
jadis réputées pour leur fécondité, les incendies de forêts dont le
spectacle enivrait le général de Saint Arnaud, la tactique de la terre
brûlée et l’organisation de la famine dont le général Bugeaud fut
l’un des initiateurs, la politique de cantonnement des tribus qui a vu
le dépouillement systématique d’un peuple assistant au vol de ses
terres et au pillage de son patrimoine national.
Il
n’y a pas que la mémoire des hommes qui ait retenu tant d’horreurs
et de crimes. La nature, les pierres, les plantes fourmillent de témoignages
plus éloquents encore. Dans un coin retiré des environs de Palestro,
un paysan nous montra des restes d’oliviers calcinés remontant à
1830.
L’implantation
révolutionnaire
Le
fer et le feu qui sont aujourd’hui déversés sur leurs villages aux
flancs des montanges boisées ne peuvent que raffermir la détermination,
de ces populations qui savent se souvenir et qui ne sont jamais résignées
à l’oppression française.
L’œuvre
du FLN n’en fut que plus facilitée. L’implantation des unités de
l’ALN, recrutées sur place, se fit avec une rapidité exceptionnelle.
Dans la wilaya IV, qui s’étend sur tout l’Algérois, moins la
Kabylie, le peuple a désormais secoué le joug étranger et installé
les bases de son propre pouvoir.
Les
structures administratives coloniales furent abattues comme du bois
pourri et remplacées par une organisation révolutionnaire qui apporte
au peuple la justice, la liberté et l’efficacité.
Les
caïds et les chefs de fraction, cheville ouvrière de la pénétration
française dans les milieux ruraux, ont perdu leurs pouvoirs. Les
populations de l’Algérois surent réserver à leurs anciens
tyranneaux le sort qu’ils méritaient. Ils furent condamnés et exécutés.
D’autres durent s’exiler volontairement pour échapper à la colère
populaire. Quelques uns enfin revinrent sur les errements du passé et
se rallièrent à la cause de la révolution.
Le
Congrès du 20 août 1956 précisa les grandes lignes de
l’organisation du peuple. L’appareil révolutionnaire fut
perfectionné et étendu aux coins les plus reculés du territoire
national.
Le
peuple des campagnes devait être organisé en fonction, d’une part,
des impératifs de la guerre, d’autre part, des tâches sociales,
culturelles et idéologiques qui lui incombent en tant que peuple libre.
C’est
à ce double objectif que répond l’Assemblée du peuple qui siège au
niveau du douar. Dans chaque douar, le commissaire politique organise
des élections. Quel que soit son nombre, la population a droit à cinq
représentants, qu’elle désigne elle-même parmi les personnes
jouissant de sa confiance. Le comité des cinq est mis en contact avec
l’autorité centrale du FLN par l’intermédiaire d’un comité de
liaison de trois membres.
Les
guides du peuple
Cela
ne signifie pas que les cadres du FLN aux différents échelons du
secteur, de la région, de la zone ou de la wilaya, soient éloignés du
peuple. Au contraire, quel que soit leur grade, les chefs vivent dans
une totale communion avec lui.
Le
commissaire politique sillonne les douars et les mechtas, organise des réunions
publiques, informe le peuple sur les événements politiques et
militaires, lui communique les morts d’ordre et les directives, veille
à son moral et à son éducation idéologique. Après chaque ratissage
qui succède généralement à une embuscade ou un accrochage coûteux
pour l’ennemi, le commissaire politique se rend immédiatement sur les
lieux sinistrés. Il réunit le peuple et l’exhorte à supporter le
poids de la guerre, prend les enfants qui pleurent dans ses bras et les
console, organise des chaînes de secours, alerte les infirmiers volants
du Croissant Rouge Algérien pour porter les premiers oins.
Le
25 décembre 1956, au cours d’une bataille sanglante à Karèche (Camp
des Chênes), près de Médéa, les moudjahidine décrochèrent d’une
Jeep une mitraillette 30 et s’emparèrent de quelques armes légères.
La colère de l’ennemi ne connut plus de bornes. Le 27, il attaqua le
village de Tibergent, au douar Beni Messaoud, incendia 25 maisons, exécuta
sommairement cinq civils, et s’empara de tout le bétail. Alerté, le
commissaire politique Si Larbi se rendit immédiatement sur les lieux.
Il remit aux victimes les fonds nécessaires à la reconstruction des
maisons détruites, et ordonna à la population de participer à cette tâche
qui exige les efforts de tous.
Humbles
serviteurs du peuple, les chefs partagent sa vie, ses joies et ses
souffrances. Leur simplicité, leur haute valeur morale, leur sens de
l’humain leur confèrent un immense prestige et leur valent un dévouement
sans limite. Ainsi se nous cette fraternité, voire cette affection
entre le peuple et ses guides dont les Français ne semblent même pas
soupçonner l’existence quand leur propagande prétend que les
populations n’adhèrent à la Révolution que contrainte et forcée
par la terreur.
Lorsqu’en
juillet 1956, le Colonel commandant l’Algérois quitta secrètement sa
wilaya pour se rendre au congrès de la Soummam, le peuple s’aperçut
rapidement de son absence.
A
son retour, à la fin du mois d’août, un accueil chaleureux lui fut réservé.
Accompagné d’un de ses adjoints et d’un guide, il se rendit de
village en village pour informer le peuple des décisions importantes du
congrès, de l’organisation des élections, des tâches sociales à
accomplir, des réalisations à perfectionner.
A
son arrivée au premier village de la Wilaya, Beni Yacoub, il fut reçu
par l’Assemblée du peuple. Tous les habitants, hommes, femmes,
enfants, allèrent à sa rencontre. Ils parlaient tous à la fois,
chacun voulant lui rapporter dans leurs moindres détails les sévices
dont le village fut l’objet au cours d’un ratissage qui eut lieu
pendant son absence.
Le
colonel arriva à Beni Yacoub à une
heure du matin. Malgré sa grande fatigue, il prolongea la veillée en
compagnie d’une partie de la population. Les femmes et les enfants le
harcelaient de questions et n’étaient aps les moins ardents à ce
sjuet.
A
la pointe du jour, les youyous des femmes qui s’affairaient autour du
déjeuner annoncèrent l’arrivée des moudjahidine. Les chefs de
compagnie et de section allèrent réveiller le colonel. A 10 heures du
matin, tout le peuple était dehors pour ovationner les cent hommes de
la compagnie qui présentaient les armes, ainsi que les infirmières et
infirmiers en tenue de combat qui arboraient le fanion du Croissant
Rouge Algérien.
Le
soit, au cours d’un grand rassemblement, le chef de la Wilaya IV résuma
les grandes lignes du congrès et annonça au peuple recueilli, dont le
silence impressionnant n’était entrecoupé que par les youyous, la
victoire toute proche.
La
France absente
A
l’ombre de la révolution et sous son impulsion, le peuple participe
à la gestion directe de ses affaires et acquiert, dans l’exercice du
pouvoir, une haute conscience de sa liberté, de sa force.
La
Wilaya IV a pu croître ainsi sur le territoire d’une quinzaine
d’anciennes communes mixtes. Dès novembre 54, la commune mixte de
Palestro fut désertée par ses chefs. Cet exemple ne demeura pas isolé,
mais se généralisa. Depuis juin 55, aucun administrateur des services
civils n’osa se hasarder dans le territoire de ce qui fut « sa »
commune, ni ne put avoir le moindre contact avec ses anciens « administrés ».
Il
n’y a pas jusqu’aux gardes forestiers français qui n’aient complètement
disparu de ces régions véritablement libérées. Les charges qu’ils
exerçaient reviennent désormais à des hommes du peuple que le peuple
désigne lui-même et dont le rôle consiste à réglementer
l’exploitation de la forêt, de veiller à sa protection, et
d’assurer le partage équitable des terrains de parcours. Les maisons
forestières ont été aménagées en PC pour l’ALN.
Les
rapports d’administration à administrés ayant disparu entre les
autoriotés françaises et les populations algériennes, il ne subsiste
plus que des rapports de guerre entre deux belligérants : la
France et son armée d’un côté, le peuple algérien et son organisme
révolutionne, le FLN, de l’autre.
C’est
devenu une impossibilité pour les agents de l’administration française
de se rendre isolément dans les régions libérées et, à plus forte
raison, d’y séjourner en permanence.
Ils
ne peuvent s’y rendre que dans les fourgons de l’armée, encore que
celle-ci, étant donné la lourdeur de son appareil, ne peut se déplacer
dans ces régions accidentées qu’avec les plus grandes difficultés.
Le
peuple demeure pratiquement inaccessible. Vouloir à tout prix établir
le contact nécessite, en dernière analyse, la destruction de l’ALN,
qui forme un écran invisible entre lui et l’armée française.
Les
contacts de la France avec le peuple algérien sont fatalement condamnés
à se traduire en chocs sanglants opposant deux armées adverses. Encore
que de tels chocs ne relèvent pas entièrement du bon vouloir du
commandement français, l’ALN conservant toujours l’initiative des
opérations.
L’opération
de la cote 749
On
comprend dès lors l’extrême impatience et l’irritation des états-majors
colonialistes forcés de pallier cette impuissance en recourant aux
grandcs moyens de la guerre classique : bombardements intensifs de
régions déclarées zones interdites, opérations d’envergure avec
participation de divisions d’infanterie appuyées par l’aviation et
les hélicoptères.
Que
ces gigantesques battues destinées à encercler les unités de l’ALN
n’aient pas d’autre résultat que l’essoufflement de l’ennemi,
l’expérience, depuis trois ans, l’a maintes fois prouvé.
En
juillet 1956, le général Guillaume décida de déclencher une opération
d’envergure en vue d’anéantir l’état-major de la Wilaya IV. Ce
fut l’opération de la coté 749. A la tête de quatre divisions, soit
près de 40.000 hommes, il entreprit le ratissage de la région de Médéa.
L’opération dura huit jours, et se solda pour l’ALN par la mort héroïque
de l’étudiant Amara et la capture de trois jeunes infirmières. Mais
le résultat escompté par le général Guillaume ne fut pas atteint. Au
contraire, en se retirant, une de ses compagnies fut accrochée par le
chef de la zone Si Lakhdhar, au douar Mellah, et décimée. 40 soldats
français y trouvèrent la mort, 35 fusils Garant et 2 FM furent récupérés
Ne pouvant rester sur cet échec, le général Guillaume fit le serment
d’anéantir une fois pour toutes les unités de la Wilaya IV.
Le
2 août, une nouvelle opération semblable à la première fuit déclenchée.
Les 40.000 revinrent à la charge et ratissèrent pendant huit jours.
L’échec, cette fois encore, fut total. Le général Guillaume ne put
survivre à ce déshonneur. Quelques jours plus tard, il se suicidait à
Alger
L ‘intervention
des SAS
La
puissance du FLN réside dans l’adhésion totale des masses à l’idéal
de la Révolution. Les états-majors colonialistes qui n’en sont pas
à une contradiction près, tentèrent de s’adapter à la guerre révolutionnaire
et de mettre le peuple de leur côté.
Les
bureaux psychologiques diffusent quotidiennement l’idéologie
colonialiste par l’image et al radio, par la propagande écrite et
orale, tandis que les « sections administratives spéciales (SAS)
sillonnent les villages et s’efforcent de s’y implanter.
La
faiblesse d’une telle propagande réside essentiellement dans la
mauvaise cause qu’elle prétend servir et dans son ignorance totale
des réalités populaires.
Au
lieu d’apporter au peuple un idéal, elle veut le conquérir au moyen
du chantage et de la corruption. Loin de s’adapter à la situation révolutionnaire
dans laquelle les masses sont engagées, elle continue à suivre les
sentiers battus des anciens officiers des affaires indigènes, dont elle
utilise les méthodes et reprend jusqu’aux thèmes et slogans.
Dans
la Wilaya IV où elles n’ont jamais pu implanter un seul de leurs
centres, les SAS font de temps en temps de brèves apparitions sous la
protection de la troupe.
Apparemment,
leur rôle consiste à faire œuvre d’assistance sociale. Elles
distribuent, dans les douars, des céréales, des vêtements, des médicaments,
prodiguent des soins aux malades. En réalité, leur but essentiel est
de se créer des intelligences parmi les anciens chefs de fraction, et
de recueillir des informations sur l’Assemblée du peuple et sur le
FLN.
Elles
ouvrent des chantiers sur les routes, s’efforcent d’y recruter des
ouvriers qu’elles paient grassement, en revanche, ceux-ci sont tenus
de se constituer en groupe d’auto-défense du village et en harka à
la solde de l’ennemi.
En
arrivant dans les villages, les SAS organisent des réunions de
propagande où la présence du peuple est rendue obligatoire par la
menace et le chantage. Les propos tenus par un officier d’une SAS ne
font pas mystère des moyens utilisés : « nous allons dans
les maisons et nous dépouillons les femmes de leurs vêtements, les
laissant toutes nues. Les maris, en venant réclamer les effets de leurs
femmes, sont obligés d’assister à nos réunions » .
Fier
de cette trouvaille de la « pacification », le chef de la
SAS en question ajoutait qu’elle répondait parfaitement à la
psychologie de l’Arabe, toujours susceptible quant aux choses qui
touchent à l’honneur et au foyer.
Par
l’utilisation de ces méthodes, les SAS veulent combattre la révolution
par ses propres armes. Or, non seulement il leur est extrêmement malaisé
d’établir le contact avec le peuple, mais encore, lorsqu’elles y
arrivent, elles ne réussissent qu’à renforcer la haine de celui-ci
pour toute oppression française, quelque forme qu’elle prenne.
L’aide qu’elles prétendent lui apporter, les promesses qu’elles
lui font sur « l’Algérie nouvelle » sont, pour lui, un
objet de dérision.
Rien
n’arrive à dévier le peuple du grand idéal qui le soulève, ni la
violence, ni la corruption. Par ailleurs, la Révolution est
suffisamment forte pour être en mesure de fournir au peuple l’aide
efficace dont il a besoin dans tous les domaines La Révolution algérienne
a en effet atteint une phase de son évolution qui lui permet de
s’engager résolument dans la voie des réalisations positives, et
d’inscrire dans les faits son caractère social en lui donnant une
première ébauche.
Si
le peuple fait ce qu’il peut, et parfois plus qu’il ne peut pour la
Révolution, celle-ci aujourd’hui fait pour lui tout ce qui, pour
elle, est possible d’être fait.
Le
rôle des Assemblées Populaires et des commissaires politiques s’insère
dans le programme des réalisations positives. Il faut noter à ce sujet
que dans les zones libérées, se sont créés des douars entiers de
fugitifs recherchés par l’armée française, et qu’ils sont pris en
charge exclusivement par le FLN.
A
l’échelle de la Wilaya IV, des services spécialisés s’occupent de
la vie économique, depuis l’organisation de convois de mulets pour le
ravitaillement, la construction de silos, l’exploitation des terres
enlevées aux colons, jusqu’à la distribution des vivres.
L’entraide
sociale connaît un grand essor. Les fellahs sont encouragés à
travailler leurs terres. Des fonds leurs sont alloués pour acheter les
semences, surtout lorsqu’ils disposent de bêtes de labour. Les
allocations sont versées régulièrement aux familles nombreuses, aux
vieillards, aux veuves de guerre.
En
plus des services volants, qui ont pour but de secourir sur place les
blessés, une vingtaine d’hôpitaux et d’infirmeries fonctionnent
dans la Wilaya IV, à raison de six environ par zone. L’organisation
sanitaire n’est pas créée en fonction des seuls besoins de l’ALN.
Elle est conçue d’une telle manière que le peuple en bénéficie
largement. Les infirmières du CRA remplissent, à cet égard, une tâche
précieuse dans les douars et mechtas, où les femmes algériennes
peuvent recevoir directement des soins des mains de leurs sœurs. Dans
les cas graves, les responsables du service sanitaire n’hésitent pas
à envoyer les civils se faire soigner en ville avec les deniers de la Révolution.
Les dépenses occasionnées sur le plan sanitaire s’élèvent pour la
Wilaya IV à polus de cinq millions de francs par mois.
Les
120 écoles de la Wilaya IV
Faisant
face aux tâches les plus urgentes, comme celles qui ont trait au
ravitaillement du peuple, et aux soins à apporter aux blessés, la Révolution
se préoccupe également de problèmes qui, bien que moins immédiats,
sont cependant de la plus haute importance pour l’avenir du pays.
Ainsi
en est-il du problème de l’instruction et de la lutte contre
l’analphabétisme. Dans ce domaine, le Commandant de la Wilaya IV
travaille sans relâche à l’éducation du peuple et à l’élévation
de son niveau culturel. La lutte contre les préjugés et les
superstitions s’est révélée efficace, et les adultes, hommes et
femmes, sont invités à suivre les cours du soir institués à l’échelle
de la Wilaya. Celle-ci édite un journal bilingue d’une vingtaine de
pages, « La Guérilla », qui paraît régulièrement tous
les quinze jours, et qui est largement diffusé et commenté au sein du
peuple.
L’instruction
des enfants est obligatoire de six à douze ans, Un programme de
scolarisation a été établi aux termes duquel chaque village devait
avoir son école. Les rares écoles françaises qui servirent dès le début
de l’insurrection de pied à terre de l’ennemi devaient être détruites
par l’ALN .
40
nouvelles écoles furent construites il y a déjà un an, et 80 autres
sont en cours de construction. L’architecture de ces établissements
du peuple est d’une grande simplicité : une salle unique de 10 mètres
sur 6 et 3 mètres de haut, avec quatre grandes fenêtres et une porte
d’entrée.
Un
secours d’hiver fut organisé cette année en faveur des enfants déshérités,
et permit l’acquisition de 1.000 tenues d’écolier comportant
chemises, tablier, souliers, etc.
Ces
réalisations connurent un immense succès et soulevèrent un profond
enthousiasme dans le peuple qui participa activement à la construction
des nouveaux édifices. Le recrutement des maîtres d’école ne
souleva pas de difficultés. La plupart d’entre eux accoururent des
villes pour prendre par à l’éducation du peuple dans le maquis.
Les
écoles nouvelles ne furent pas épargnées par le troupes françaises :
en zone 3, l’une d’entre elles a été complètement détruite par
les bombes.
L’ALN
et les espoirs du peuple
Ainsi
vit et lutte le peuple dans les régions libérées. Chaque jour qui
passe, il remporte une victoire autant sur lui-même que sur l’ennemi,
une victoire qui le rapproche un peu plus de son idéal de liberté et
d’indépendance
Si
les ratissages et leurs cortèges de destructions et de deuil ne
parviennent pas à entamer sa foi profonde, les exploits de l’ALN
viennent régulièrement l’illuminer d’espoirs et lui rappeler
l’extraordinaire épopée qu’il vit.
Le
30 octobre 1956, le goumier Bazzi, qui s’évada la veille de son unité
de Tablat pour rejoindre ses frères, combina avec ces derniers une
embuscade où périrent 31 soldats français dont un capitaine :
six camions GMC furent anéantis, 20 fusils Garant, 2 FM et un fusil de
chasse récupérés.
A
la fin de cette journée mémorable, le peuple en délire accueillit ses
héros. Hommes et femmes se saisirent des armes qui venaient d’êtres
prises, et exécutèrent, au son des flûtes et des tambourins, des
danses qui remontent aux plus anciennes traditions du pays. La fête
devait durer toute la nuit.
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