En
août 1962, un mois après l'indépendance, l'Algérie est en crise. La
course au pouvoir est engagée entre un Bureau Politique porté par
Boumediène et l'armée des frontières, avec Ahmed Ben Bella comme
porte-drapeau, d'une part, et un GPRA sans troupes, d'autre part. Le
Bureau Politique annonce alors qu'il prend les pleines pouvoirs, mais
peu après, Mohamed Khider déclare que ce même Bureau Politique n'est
plus en mesure d'exercer ses fonctions. Il porte des accusations contre
la Wilaya IV.
Le
Conseil de la Wilaya IV
publie, le 26 août 1962, un communiqué dans lequel il rappelle la
genèse de la crise, réfute point par point les accusations de Khider,
expose la position de la Wilaya IV, formule de nouveau ses propositions,
et prend le peuple à témoin.
Ci-joint
le communiqué du Bureau Politique et le communiqué du Conseil de la
Wilaya IV.
Le
Bureau Politique
A
décidé d'assumer, à compter de ce jour, ses responsabilités
nationales dans le cadre de la légalité des institutions de la Révolution
Algérienne jusqu'à la tenue du congrès national souverain.
En
conséquence:
-
il se déclare habilité à assurer la direction du pays, la
reconversion du FLN et de l'ALN, l'organisation du parti, la
construction de l'Etat et la préparation d'un congrès pour la fin de
l'année 1962;
-
Lance un appel solennel au peuple algérien, à tous les citoyens sans
distinction de confession;
-
Il leur demande de se grouper dans chaque ville, dans chaque village et
chaque dechra, dans le pays et hors d'Algérie,
autour
de sa direction
politique pour:
*
Consolider
l'indépendance de l'Algérie ;
*
Edifier un Etat démocratique et moderne, débarrassé de la dictature
policière, assurant à tous les citoyens la Liberté individuelle et
d'expression et la justice sociale;
*
Empêcher le triomphe des forces
obscures
du néocolonialisme et
de ses alliés.
Déclaration
de la wilaya IV
Les
responsables de la wilaya IV, forts de la confiance de l'ensemble des
militants, des djounoud et du peuple, forts du sentiment du devoir
accompli, estiment le moment venu d'exposer ici leurs positions et les
efforts qu'ils n'ont cessé de déployer pour sauvegarder la Révolution
et servir le peuple.
La
déclaration (du bureau politique) nous a surpris par sa brutalité. Des
accusations graves, mais non fondées, sont lancées contre des jeunes
patriotes non rompus aux intrigues politiques n'ayant connu pendant six
ans que la fraternité des armes, la sincérité des militants et le
respect d’un peuple magnifique de courage et d’abnégation.
Il
est nécessaire, pour comprendre la situation actuelle et situer les
responsabilités de cette nouvelle aventure où l’on veut mener le
pays, de remonter à l'origine de la crise, c'est-à-dire au dernier
CNRA. Au moment où les responsables de la wilaya aux côtés du peuple
menaient la lutte contre les assassins OAS et étaient confrontés aux
inextricables problèmes qu'entraîne le sabotage systématique de
l'administration par les fonctionnaires français, les membres du GPRA
dont les actuels membres du Bureau politique échangeaient des insultes,
fuyant les véritables problèmes, préoccupés qu'ils étaient de
s'assurer le pouvoir en Algérie.
Les
échos de cette réunion parvinrent à l'intérieur du pays, un pays
exsangue, mais fort de la victoire arrachée, plein d'enthousiasme et
d'espoir. A cette période, Alger était toujours sous la responsabilité
de la wilaya IV (c'était la zone 6 dont le chef était l'actuel
comandant de la ville Si Mohamed). Par décision du GPRA, Alger fut érigée
en zone autonome sous le commandement d'Azzeddine. Le conseil de la
wilaya IV, toujours discipliné envers l'autorité centrale, retira sa
responsabilité d' Alger. Il apparut par la suite, au moment de la
crise, que tout ceci fut décidé dans un contexte de calculs et
d'intrigues pour s'assurer la fidélité de certains chefs.
Quelques
jours avant l’autodétermination, la crise qui était apparue à
Tripoli commençait a se répercuter à l’intérieur du pays. Pour
notre part, nous avons reçu à notre PC le commandant Slimane de
l’ex-état-major qui nous édifia par sa démagogie sur les intention
de certains hommes. Il nous est, dès lors, apparu qu’il était
indispensable de réunir les forces vives du pays pour amener tous les
dirigeants du GPRA à rentrer unis en Algérie, où le peuple enfin
victorieux est prêt pour toutes les taches de reconstruction.
A
l’occasion d’une réunion tenue à Zemourah (en wilaya III ), avec
la participation des délégués des wilaya III, Wilaya IV , Zone
autonome d’Alger, Wilaya II et Fédération de France (les autres
wilayas invitées, sans refuser, n’ont pas envoyé leurs représentants
), des résolutions furent prises et présentées par une délégation
au GPRA à Tunis (voir lettre aux wilayas I,V et VI du 25 juin 1962).
La
suite, vous la connaissez. Il y eut la démission de monsieur Khider et
le déplacement au Caire de M. Ben Bella. Dès lors, ces deux chefs
prirent la responsabilité d’une crise qui a failli nous amener au
bord de la guerre civile.
Malgré
tout, le conseil de la wilaya IV demanda au GPRA de ne pas précipiter
son retour en Algérie, voulant encore préserver le pays d’une crise
dont les effets ne se sont pas transposés à l’intérieur et appelant
les dirigeants à s’unir avant de rentrer à Alger.
Car
les responsables de la wilaya IV restaient persuadés que seul le peuple
souverain pourrait , lors des élections, investir une autorité légale.
Par
la suite, lorsque M. Ben Bella se rendit à Rabat, deux membres de la
wilaya IV, le Colonel Hassan et le Dr Saïd, et le Colonel de la wilaya
III, se déplacèrent auprès de lui, porteurs d’une résolution
commune et l’invitèrent à rejoindre Alger (voir le rapport adressé
à Ben Bella et au GPRA du 7 juillet 1962).
Notre
démarche resta sans succès. Ben Bella et Khider rejoignirent Tlemcen;
la crise était consommée. Loin de se décourager, indifférents aux
commentaires souvent inspirés de la presse, les délégués de la
wilaya IV se rendirent, tour à tour, à Tlemcen, à Alger sans se départir
de leur attitude de neutralité et de refus de soutenir telle ou telle
personne. Ignorant les déclarations tapageuses auxquelles se livraient
des apprentis sorciers érigés en port-parole et soucieux seulement
d’exploiter à leurs fin les divisions, observant un silence
scrupuleux, les responsables de la wilaya IV, qui organisèrent des réunions
inter-wilaya à Orléansville (Chlef), ne ménagèrent aucun effort pour
arriver à une formule évitant la cassure et le risque
d’affrontement.
C’est
au moment où une solution susceptible de préserver le pays de
l’aventure fut en vue qu’on décida, à Tlemcen, de mettre fin à
cette réunion, sabotant ainsi tous les efforts accomplis . Une déclaration
unilatérale, proclamant la constitution du Bureau Politique, fut rendue
publique. La Wilaya IV ne voulut cependant pas dénoncer ce qui était,
il faut le dire, un coup de force.
Au
paroxysme de la crise, la Wilaya IV, cherchant toujours à préserver la
moindre chance de rapprochement et à éviter de con sommer la division
du pays, se refusa à suivre d’autres responsables regroupés à
Tizi-Ouzou, et condamna vigoureusement tout recours à la force.
C’est
ainsi que, pour éviter que le sang ne coule à Alger (étant renseignés
sur les préparatifs de Yacef Saadi et de ses éléments pour
s’attaquer à l’organisation dans cette ville), et pour répondre
aux exigences de la situation rendue confuse et explosive comme l’a
montré le coup de force de Constantine, la Wilaya IV décida de rentrer
à Alger. A cette époque, le Bureau Politique s’en réjouit. Cela
n’a pas pour autant amené les responsables de la Wilaya à se départir
d’une stricte neutralité, laissant les discussions se poursuivre
entre Boudiaf, Khider, Krim et Mohamed Oulhadj.
Lorsque
le compromis du 2 août fut accepté, la Wilaya IV se réjouit de la fin
d’une crise qui a menacé le pays d’une guerre civile. Elle organisa
l’arrivée du Bureau Politique à Alger et était résolue à apporter
sa contribution à cette autorité. Malgré ses origines contestables
quant à la légalité révolutionnaire, puisqu’il n’est ni le résultat
d’un vote du CNRA ni celui d’un accord des Wilayas. La Wilaya IV,
pour continuer toujours son œuvre de préservation, reconnut
l’existence du bureau dans les limites de ses compétences fixées par
l’accord du 12 août, à savoir :
-
préparation des élections pour le 27 août 1962 ;
-
préparation
du CNRA pour la semaine qui suit ces élections ; le CNRA qui doit
examiner de nouveau la composition du bureau.
Il
faut bien noter ici qu’il n’entrait nullement dans les attributions
de ce bureau provisoire ni la création d’un parti ni, à fortiori, la
conversion des organismes déjà existants de la révolution.
Dès
sa première réunion, le Bureau Politique, en se répartissant entre
ses membres toutes les attributions du Gouvernement, dépossédait
celui-ci de ses pouvoirs et outrepassait largement les prérogatives qui
lui ont été reconnues le 2 août 1962.
Alors
que les membres du Conseil de la Wilaya IV ne manifestaient à priori
aucune hostilité à ce bureau, ce dernier, dès les premiers jours de
son installation, a exprimé sa méfiance envers les responsables de
l’organisation FLN-ALN. C’est ainsi qu’il congédiait le directeur
de al radiodiffusion, un vieux et authentique militant, pour la simple
raison, selon leur propre expression, qu’ils avaient un pacte moral
avec ceux qui les avaient rejoint à Tlemcen, pour le remplacer par un
ancien speaker qui, lors du 13 mai 1958, appelait les masses algériennes
à fraterniser avec les assassins. C’est ainsi qu’il nous interdit
de publier tout communiqué.
Dès
la première déclaration de M. Khider où il s’élevait contre les
« abus et les dépassements », et interdisait « les réquisitions »,
le Conseil de la Wilaya IV attira l’attention du Bureau Politique sur
ce procédé facile qui consiste à se poser en défenseur de l’ordre
alors qu’il se dit autorité, donc nécessairement responsable lui
aussi de la situation qu’il présente.
La
Wilaya IV, tout en faisant remarquer qu’il aurait été plus honnête
et aussi plus efficace d’envoyer des notes de service internes
signalant les exactions (quand il y a exaction), aurait aimé avoir des
séances de travail avec le Bureau Politique en vue d’étudier et d’élaborer
un plan d’assainissement. Il est facile de s’élever contre les enlèvements
quand on oublie que le peuple algérien sort d’une guerre terrible de
sept ans et a vécu les assassinats quotidiens de l’OAS.
Que
n’ont-ils donc, ces membres du Bureau Politique, demandé à se rendre
dans les campagnes pour étudier la situation ? Que n’ont-ils
demandé à s’adresser aux militants et aux djounoud ?
Il
paraît toujours payant de prendre des mesures soit-disant populaires
comme l’arrêt des impositions. Mais le peuple sait-il, le bureau
politique a-t-il consulté le conseil de wilaya pour savoir, que bien
avant <<l’interdiction de M.khider>>, les responsables de
la wilaya avaient suspendu toutes imposition ? encore faut-il
souligner que ce n’est pas le paysan ni l’ouvrier qui etait imposé,
mais bien les industriels, les gros commerçants, les fonctionnaires qui
ont bénéficié de la promotion musulmane de De Gaulle .
N’est-il
pas malhonnête de laisser entendre que l’ALN vivait suer le dos du
peuple, sans consulter une seule fois les rapports financiers des
secteurs, régions, zones et wilaya. On aurait noté alors que les deux
tiers du budget étaient consacrés aux secours des familles de
martyrs( secours hélas dérisoires), aux familles de moudjahidine, a
l’entretien et a l’équipement des antennes médicales, aux
infirmeries et écoles que
l’ALN a ouvert partout dans nos compagnes. Et d’ailleurs nous a-t-on
demandé une seule fois un rapport sur la situation d’un wilaya ?
On
préfère dénigrer en amplifiant des faits locaux toujours fatals au
lendemain d’une guerre pour mieux les exploiter. On préfère s’en
tenir même s’il faut en sous-main les susciter, a des faits négatifs,
oubliant pour les besoin de la cause de mentionner les réalisations de
l’organisation. Car il est clair maintenant qu’il fallait, pour
mieux asseoir une autorité portant la tare du coup de force, détruire
toute autre autorité sortie, elle, du feu de l’action de sept années
de luttes menées avec le peuple contre l’ennemi.
On
nous reproche de réquisitionner ! oui, nous réquisitionnons. Mais
nous réquisitionnons quoi ? Des appartements abandonnés par l’OAS et ses partisans ! Pour y loger qui ? Des familles
de martyrs, des familles habitant des bidonvilles, des familles de
plastiqués, des familles de moudjahidine, des familles de réfugiés.
Quoi,
faut-il donc que le peuple algérien, qui a subi cent trente années de
colonialisme est sept années de guerre, continue a croupir dans les
taudis et les bidonvilles, pour
respecter les bien des assassins de nos frères. Est-ce pour cela
que des milliers des nôtre sont morts ?
Libre
à lui, M.Khider, d’acheter, comme il l’a dit, une villa s’il est
fortuné. Mais que fera la famille dont le père a disparu depuis la
bataille d’Alger ? Que fera le maquisard qui, depuis six ans,
s’est sacrifié et n’a pas un sou d’économie ? Faut-il les
adresser à l’hospice ? Et puis, M. Bitat, membre du Bureau
politique n’habite-t-il pas une villa réquisitionnée par les soins
de l’organisation ? Le Bureau politique ne nous a-t-il pas demandé
de réquisitionner des appartements ou des villas pour les membres du
GPRA et les fonctionnaires des ministères ?
Ce
que les responsables de la Wilaya IV auraient aimé, c’est qu’on
dise : mettons de l’ordre ensemble, réglementons tout cela, établissons
des commissions d’habitat, etc.
On
nous reproche de perquisitionner. Oui, nous perquisitionnons. Faut-il
donc tendre la joue gauche quand on reçoit une gifle sur la joue droite ?
Lorsque notre service de renseignements nous signale nous signale
qu’une maison ou un appartement où il y aurait des armes cachées, ou
bien lorsque nous recevons un tract signé OAS, faut-il rester indifférents,
les bras croisés ? C’est tout cela qu’on aurait aimé discuter
dans de véritables séances de travail. En vérité, on se réunit avec
l’exécutif, avec Farès… A ce sujet, nous avons maintes fois exposé
notre opinion : les responsables de la Wilaya IV ne sont ni des
militaristes ni des ambitieux, mais conscients de leurs responsabilité
forgée dans le combat révolutionnaire, ils veulent, à l’exemple de
tout militant digne de ce nom, défendre les objectifs pour lesquels des
milliers des leurs sont morts.
L’ALN,
il faut le répéter, n’est pas une armée de métier. Ce sont des
militants, comme le fidaï qui un jour a lancé une grenade ou abattu un
traître, des militants réduits par les circonstances à lutter les
armes à la main.
Parler
de les mettre dans les casernes avant l’établissement des
institutions du pays, avant l’algérianisation de l’administration,
ce serait vouloir étouffer l’avant-garde actuelle du pays. Et, déjà,
nous assistons a une alliance qui se dessine avec le néocolonialisme.
Nous
avons exposé notre point de vue quant à la reconversion. Nous vous
rappelons qu’il est dangereux et inopportun de détruire une
organisation en place, la seule qui ait pu faire face, au lendemain de
l’indépendance, aux multiples tâches (police, gendarmerie,
enseignement, santé publique, recasement, protection des forêts,
etc.) sans au préalable préparer d’autres structures.
Simplifier,
comme on le fait et prétendre que la Wilaya IV se refuse à la
reconversion, constitue un procédé malhonnête. Et puis, pourquoi
cette précipitation à dissoudre pour l’annoncer publiquement, les
conseils de Wilaya à deux semaines des élections ? Que
deviendront alors les conseils de zones, de régions, de secteurs, de
sous-secteurs ? Quel organisme s’occupera des familles de martyrs ?
Qui s’occupera des centres sociaux ? Des réformés ? Ne
nous a-t-on pas mis sur les bras, sans aucune préparation, une centaine
de djounoud malades mentaux ramenés de la base de l’est ? Qui
s’occupera des unités ? Des antennes médicales ?
Voilà
ce que nous voulions, nous préparer et l’installer le jour où on
dira que la reconversion est faite.
Or,
on utilise cela comme un cheval de bataille. On charge l’ALN, et
particulièrement la Wilaya IV, de tous les maux, marasme économique,
chômage, etc. Mais où sont donc ces plans de relance économique que
nous avons sabotés ?
A-t-on
mentionné une seule fois que le FLN et l’ALN ont assuré la rentrée
des récoltes abandonnées par les colons, et s’apprêtent à
organiser les vendanges ? A-t-on mentionné que c’est
l’organisation qui a assuré le débarquement des cargaisons de blé
et de diverses matières au port d’Alger ? Pourquoi M. Khider
n’a-t-il pas dit que lui-même nous a demandé d’organiser le déchargement
du blé amené par le bateau soviétique par exemple ? Et qui
assure la répartition de ces vivres pour les paysans et les nécessiteux,
sinon les militants de l’organisation ?
Hier,
on a déclenché une autre crise. Les responsabilités sont clairement
établies. Le Bureau Politique a jugé utile de proposer la candidature
de Farès et du grand propriétaire terrien Cheïkh Kheireddine dans les
listes du département d’Alger et de Médéa. Les responsables de la
Wilaya IV ont souligné que ces deux hommes ne peuvent valablement représenter
le pays et, surtout, le FLN, au sein de la première assemblée
constituante de l’Algérie indépendante, alors que d’authentiques
militants, sortis de prisons ou de camps, sont oubliés ou écartés
systématiquement.
Le
Bureau Politique remplace un candidat sur lequel au préalable les
responsables de la Wilaya IV et M. Khider se sont mis d’accord par un
autre candidat sans en informer le conseil de Wilaya. Nous avons attiré
les membres du Bureau Politique sur le danger qu’il y a à continuer
les compromis et à rechercher des alliances d’intérêts
contradictoires. C’est donc en définitive au sujet de quelques
personnes décriées et compromises aux yeux des militants dt du peuple
et ne représentant qu’elles-mêmes, que le Bureau Politique joue
l’avenir du pays en relançant la crise.
Il
faudrait dont penser qu’il cherche à tout prix une assemblée préfabriquée.
Quant
au coup de force dont parle M. Khider, qui affirme que la Wilaya IV a
empêché le Bureau Politique d’utiliser la radio, nous signalons
seulement que lui-même a bien lu hier sa déclaration à la radio et à
la télévision. Tout commentaire est alors superflu.
Il
est de notre devoir de rappeler que les membres du corps diplomatique
dont parle M. Khider sont tous des représentants des pays de l’OTAN
sont le rôle de soutien à l’impérialisme français durant la guerre
est connu de notre peuple. Il est à noter que pas un seul diplomate des
pays arabes et africains ou socialistes ne s’est associé à cette démarche.
Pour
préserver l’unité et éviter au peuple algérien les épreuves de
l’affrontement fratricide et sanglant, le Conseil de la Wilaya IV
avait, en juillet dernier, observé une attitude de neutralité envers
les groupes de Tlemcen et Tizi-Ouzou, attitude qui a contribué pour une
bonne part au dénouement pacifique de la crise.
Malgré
la tare originelle qui entachait ce bureau politique provisoire, la
Wilaya IV, toujours dans le même souci, était disposée à l’aider
de tout son pouvoir durant le mois de son existence légale.
Or,
il est vite apparu que bureau entendait profiter de ce délai pour
s’accaparer des compétences que l’accord du 2 août ne lui
reconnaissait pas (création de parti, reconversion des structures de la
Révolution établies par le CNRA, etc.) et préparer une assemblée
tout à la dévotion de certains hommes. C’est ainsi que seule une
partie du Bureau Politique a participé à la mise au point des listes
électorales imposant par exemple la tête de file de la bourgeoisie néocolonialiste,
de g rands féodaux, et en excluant toute représentation réelle de
l’UGTA, des étudiants et des travailleurs émigrés à l’étranger.
Consciente
que l’application de tels procédés, que l’établissement d’une
telle politique consacreraient la négation des objectifs de la révolution,
la Wilaya IV, fidèle à la volonté des djounoud, des fidaï, des
moussebiline, des empriosonnés qui se sont sacrifiés pour l’avènement
d’une Algérie libre, débarrassée à jamais des privilèges et de
l’exploitation, déclare solennellement que le groupe établi à la villa
Joly (siège du Bureau Politique) toutne délibérément le dos aux
principes de la révolution.
Prenant
acte de la déclaration de M. Khider par laquelle il affirme que
« le Bureau Politique n’est plus en mesure d’exercer ses
responsabilités », le Conseil de la Wilaya IV en appelle à tous
les militants et djounoud pour exiger, dans les meilleurs délais, la réunion
du CNRA qui demeure aujourd’hui la seule autorité jouissant de la légalité
révolutionnaire.
Alger,
le 26 août 1962
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