La Wilaya IV            الولاية الرابعة التاريخية

 

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- Objectifs révolutionnaires,

in El-Moudjahid, août 1957

- Hassan IV, in Jeune Afrique, 1962

- Massu, Le Torrent et la digue (extraits)

- La vie en Wilaya IV

- Bougara: une plume subtile

 

 

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Le 8 Août 1961, tombait au champ d'honneur, en plein cœur de Blida, le Commandant Si Mohamed, Chef de la Wilaya IV.

Avec quelques compagnons, Si Mohamed a résisté pendant des heures à l'assaut des troupes les mieux en­traînées que possédait l'Armée française.

Par la mort de Si Mohamed, la Wilaya 4 venant de perdre un Chef prestigieux. Avec Si-M'Hamed, le Com­mandant Si Mohamed a été sans aucun doute, la plus forte personnalité de la Wilaya 4. Le commandement fran­çais ne le tient-il pas pour "le Chef le plus dynamique, sans contexte de tout l'intérieur".

Si Mohamed, de son vrai nom BOUNAAMA Djillali est né le 16 avril 1926 en plein cœur de l'Ouarsenis, à Molière, village qui porte désormais son nom, dans le Douar de Beni-Hendel.

C'est dans cette région montagneuse dont la rudesse imprégnait les hommes, que Si Mohamed a passé son enfance. Il fait des études primaires qu'il ne tardera pas à perfectionner dans les activités nationalistes auxquelles il se voue dès son jeune âge.

Membre du MTLD, il devient rapidement responsable de la Section de Boucaïd. Sa fonction l'amena à être en contact avec d'autres militants de Chlef, Oran et d'Alger, où il se déplaçait souvent pour les tâches du Parti.

Il excella dans la pratique de la clandestinité et fit preuve de courage et d'un dynamisme qui forcèrent l'ad­miration des militants.

Membres de l'O.S, ses activités nationalistes lui valurent bien des démêlés avec l'Administration coloniale. Arrêté une première fois, il continue la lutte dès sa libé­ration.

Il se lie aux mineurs de Boucaïd, où une société franco-belge exploite une mine de plomb. Il mobilisera les mineurs en 1951. Il animera une grève qui durera cinq mois.

Si Mohamed fait partie de l'avant-garde des militants qui, à l'époque, soutenaient que seule la lutte armée arra­cherait l’Algérie des griffes du colonialisme.

Si Mohamed fût arrêté dès les premiers jours de Novembre 1954. Il racontera plus tard que les policiers venus l'arrêter lui glissèrent un pistolet dans la poche. Le motif de l'arrestation se fabrique ainsi cyniquement pour un semblant de légalité.

Relâché en 1955, comme plusieurs militants du MLTD, il fut assigné à résidence à ORAN. Il se rendit clandes­tinement à Chlef, où il reprit contact avec l'organisation de la région. Il se mettra rapidement à sillonner l'Ouarsenis et le Dahra avec Si El-Baghdadi, le premier chef de la région.

Le travail qu'il entreprit avec un noyau de militants est gigantesque. Il fallait gagner à la cause nationale toutes les populations de l'Ouarsenis. Son dynamisme, sa ténacité à toute épreuve lui permirent au bout de quelque temps de faire des Monts de l'Ouarsenis un bastion du FLN-ALN, une citadelle inexpugnable.

Il faillait d'abord réduire les groupuscules qui s'étaient implantés avant l'ALN dans la région. Dans cette tâche, il fit preuve de diplomatie, parfois de ruses remarquables.

Il parvient en quelques mois à persuader les différents groupuscules, au besoin par la force, à rejoindre et à s'inté­grer dans l'ALN : ainsi il en fut des Messalistes, de Masmoudi et ses groupes, etc.

Au printemps 1956, le travail de pénétration était lar­gement achevé et le FLN-ALN régnait sur une vaste région stratégique de l'Ouarsenis au Dahra.

Membre du Conseil de zone en fin 1956, d'après les nouvelles structures décidées par le Congrès de la Soum­mam, avec le grade de lieutenant militaire, il aillait mettre sur pied des unités aguerries, qui allaient se lancer à l'attaque des unités françaises, harceler les cantonnements, les convois motorisés dans le Dahra, sur les Monts du Zaccar, de Ténès, Theniet El-Had à l'Ouarsenis. Des groupes de fidaï, de moussebiline entretenaient un climat d'insécurité dans la plaine du Cheliff, aux abords des villes comme Chlef, El-Khemis, Miliana, etc...

Si Mohamed est promu aux fonctions de Chef de la zone 3 durant l'été 1957. Une vaste région qui couvre la vallée du Cheliff, tout le massif de l'Ouarsenis, une partie de la plaine du Sersou, le massif du Dahra. Elle s'étendait du Nord de Ténès à Tipaza, au Sud de Letournaux à Ammi Moussa.

En tant que Chef de zone, Si Mohamed fit un travail colossal. L'organisation politique touchait toute la popula­tion en contact avec l'ALN. Chaque douar, chaque dechra étaient structurés, dotés d'assemblées du peuple dont les membres occupaient des fonctions aussi précises que variées: affaires politiques, affaires administratives et sociales, justice, hygiène, etc.

Chaque région était dotée d'une katiba (compagnie) dont l'objectif était la destruction du potentiel ennemi. Les Katibas sillonnaient toutes les régions de la zone, tendaient des embuscades aux convois ennemis, harce­laient les postes militaires. Les Katibas furent en même temps des écoles de cadres où le djoundi, tout en faisant de l'action militaire sa préoccupation première, recevait en même temps une formation politique qui élargissait ses horizons, approfondissait les principes de la lutte armée car étant appelé au bout de quelque temps à occuper des responsabilités au niveau du secteur, de la région, voire de la zone.

La formation est plus poussée au sein des com­mandos Katibas d'élite. Chaque zone avait son commando, composé des meilleurs éléments puisés dans les Katibas de région.

Le commando était très mobile, doté d'une puissance de feu meurtrière. Ce sont les commandos qui réalisèrent les actions les plus spectaculaires, perpétuant les exploits du héros Ali Khodja, qui dirigea le premier un commando.

Les Services annexes de l'ALN s'occupaient des tâches spécialisées

- des infirmeries soigneusement abritées et efficacement protégées, dotées de personnel dévoué soi­gnaient djounoud et civils, victimes des bombardements ennemis.

- L'intendance organisait des cantines ou relais pour les djounoud, créait des magasins de ravitaillement qui permettaient à une population recherchée par l'ennemi et qui vivait cramponnée aux djebels, loin des centres urbains, à s'approvisionner.

- Le génie militaire construisait des casemates, des abris anti-aériens. Les Services artificiers fabriquaient et posaient des mines en se procurant l'explosif soit par le biais des militants de l'Organisation Urbaine, soit en récupérant bombes et obus de l'Armée Française.

- Des écoles furent ouvertes partout, souvent dans des abris sous-terrains. Une alphabétisation massive, dans la langue nationale, était entreprise par l'ALN.

- L'ALN disposait de ses propres ateliers de tailleurs affectés à la confection de tenues pour les djounoud, d'ateliers d'armuriers pour la réparation des armes.

- Les postes de liaison étaient installés sur tous les parcours des unités et assuraient le transport du courrier.

A la fin 1957, l'Organisation politico-militaire a atteint, grâce à l'impulsion de Si Mohamed, au dévouement de cadres de valeur, un tel degré d'efficacité et de force dans l'Ouarsenis, qu'on peut considérer que la région était deve­nue une véritable zone libérée. L'ennemi ne s'y aventure jamais durant toute l'année 1958. Seule l'aviation s'achar­nait contre les populations civiles en bombardant tout ce qui bouge, utilisant le napalm, les bombes à retardement etc.

Si Mohamed ne négligea pas les Services de Sécurité et de Surveillance pour prémunir les populations civiles et l'ALN de pertes inutiles. Pratiquement sur chaque piton, chaque crête, une sentinelle civile était en poste et signalait tout mouvement ennemi, aux alentours des cantonne­ments où la soldatesque française demeure clouée. L'alerte était très vite donnée par un système de relais de sen­tinelle à sentinelle.

SI MOHAMED possédait des qualités militaires qui en font un grand stratège de guérilla. Sous sa direction, les katibas et commandos détruisirent nombre d'unités enne­mies alliant toujours la surprise à la rapidité dans l'exécu­tion. Souvent, il prenait lui-même la tête de l'unité et sa seule présence parmi les djounoud insufflait à ces derniers une ardeur et une combativité exceptionnelles.

De grandes opérations furent préparées et exécutées sous ses ordres directs

-         Destruction d'une unité motorisée près de Narbot

-         destruction d'une compagnie de cavalerie au nord-ouest de Theniet El-Had et la capture de son chef

-         occupation du village Souk El-Had

-         coup de main de Lamartine où une trentaine de militaires furent faits prisonniers.

-         Il dirige lui même le bataillon opérationnel de l'Ouarsenis qui tend une embuscade au convoi circulant sur la route Chlef-Bounaama où deux avions furent abattus.

A partir de Janvier 1959, l'ennemi déclenche une opé­ration de très grande envergure, une offensive baptisée "Couronne" pour venir à bout de l'Ouarsenis. A la tête de plusieurs compagnies, Si Mohamed tint tête aux hordes ennemies qui avaient mis en branle des moyens colossaux, avec plusieurs dizaines de milliers de soldats, des centaines d'avions, hélicoptères, l'artillerie en nombre impression­nant. Le combat dura plusieurs semaines et s'étendait sur tout  l'Ouarsenis.  Déjouant  la  manœuvre  ennemie Si Mohamed ordonne l'éclatement des unités en petits groupes et leur fixe des objectifs: dégarnir les montagnes, harceler les arrières ennemis, an s'attaquant à la plaine et les faubourgs des villes, procéder au harcèlement des centres urbains. Ainsi, il mit en échec l'objectif ennemi qui, en mobilisant sur une région limitée toutes ses réser­ves tactiques dont disposait l'Armée Française, visait l'écra­sement des unités de l'ALN.

Grâce à ses qualités de Chef politique clairvoyant, de chef militaire doté  de  qualités  exceptionnelles, Si Mohamed fut sans contexte un Chef d'une envergure inégalable.

Fin 1958, il fut appelé au Conseil de la Wilaya, en qualité de Commandant Militaire, aux côtés de Si-M'hamed, qui l'estimait énormément. A la mort de ce dernier, tombé héroïquement à Ouled Bouachra le 5 Mai 1959, Si Mohamed et Si-Salah allaient assurer collégialement la Direction de la Wilaya.

A la tête de la Wilaya, avec à ses côtés le Comman­dant Si Salah (de son vrai nom Zaamoun Mohamed, Si Mohamed allait continuer inlassablement le travail accompli par Si-M'hamed, le modulant, le perfectionnant au gré de l'évolution de la lutte armée. Il aura dans les années 1959 et 1960 à faire face à des épreuves difficiles. Les années 1959 - 1960 furent des années dures où l'ennemi n'hésita devant rien, employant des moyens jamais mis en oeuvre jusque là.

Ne se plaignant jamais de fatigue, ni du manque de sommeil bien que de santé fragile, de sa démarche régu­lière, Si Mohamed allait sillonner le territoire de la Wilaya. Il était partout, contrôlant, réorganisant, s'informant de la situation dans chaque zone, chaque région. Du PC de la Wilaya, il se déplaçait souvent, des monts de Chréa vers l'Ouarsenis et vice-versa pour faire échec aux opérations ennemies. Ses directives claires, précises, véritables do­cuments de travail, parvenaient aux état-majors de zones, leur prescrivant le schéma de l'organisation à mettre on place dans les villes, les liaisons à prévoir, le noyautage à pratiquer dans les rangs ennemis.

Dans les centres urbains et dans la plaine, devant prendre le relais des campagnes, Si Mohamed conçoit une orga­nisation très élaborée. Il ordonnait de tisser autour des centres urbains un dense réseau de liaisons, de rensei­gnements, de ravitaillement rigoureux; Chaque militant ou responsable ne connaît qu'un seul correspondant.

Les liaisons entre la Wilaya et les zones se font désor­mais par voies rapides, au moyen de boîtes postales im­plantées dans les villes entre les mains de militants sûrs.

EL-DJAZAIR, dont la direction est confiée à la Wilaya 4 l'été 1960, fut doté d'un Conseil de zone. Une zone nouvelle, la zone 6, est créée, comprenant EI-Djazaïr, une partie du Sahel et de la Mitidja. Pour ce faire, Si Mohamed mobilise plusieurs cadres d'état-major, de zone, de région, de secteur en choisissant des éléments aguerris au combat urbain. La reprise en mains de la capitale ne tardera pas à s'effectuer.

Il entreprit un travail colossal de propagande et d'in­formation. Il ne se passa pas une semaine sans que le puissant Service Spécialisé ne rédigeât un tract tiré à des milliers d'exemplaires et distribué à Alger, Blida, Médéa, El-Asnam, Miliana et dans tous les centres urbains. Chaque exaction française était portée à l'opinion publique, chaque nouvelle entreprise sournoise de l'ennemi était analysée, disséquée et dévoilée aux populations. Des slogans clairs et précis étaient repris sans cesse dans les nombreux tracts écrits par Si Mohamed. Ces efforts ne tardèrent pas à produire leurs effets.

Ainsi, le peuple allait sortir en masse dans un mou­vement irrésistible, manifestant son appartenance du FLN et aux mots d'ordre de liberté et d'indépendance. Ce furent les manifestations grandioses du 11 décembre 1960 où le peuple bravant la mort sortit dans la rue, scandant les mots d'ordre du FLN, opposant ses mains nues à la machine de répression. Les manifestants étaient encadrés par les mili­tants de l'ALN-FLN. Ainsi l'officier Zoubir, de son vrai nom Boualem Rouchaï, allait mourir lors de ces mani­festations.

A partir d'El-Djazaïr, Si-Mohamed entretient un contact étroit avec les autres Wilayas, avec les instances suprêmes de la révolution. Des agents de liaison l'infor­maient régulièrement des missions qu'il leur confiait à l'intérieur et vers l'extérieur du pays, transportaient des fonds, du courrier.

"ETRE UN CHEF, CE N'EST PAS SEULEMENT FAIRE UNE OEUVRE, C'EST SURTOUT FAIRE DES HOMMES, LES CONOUERIR LES AIMER ET EN ETRE AIME", aimait écrire Si Mohamed. Faisant sienne cette devise, il ne négligea jamais la formation des hommes. Il rédigea à l'intention des unités le Guide du Fidai, recueil remar­quable de grands principes de la guérilla, une somme de tactiques de combat. Ce manuel devient vite le sujet d'étude et de discussions par les Moudjahidine.

Si Mohamed fit face aux manœuvres les plus diabo­liques de l'adversaire. C'était une performance que d'avoir su déjouer les pièges de toutes sortes de l'ennemi avec ses généraux, utilisant des moyens matériels puissants. De main de maître, il déjoua magistralement ce qu'on appelé "l'Affaire de l'Elysée", mettant en échec une ten­tative très grave de division de l'ALN, d'affaiblissement du potentiel de résistance. L'ennemi ne lui pardonnera jamais et mobilisa des forces énormes pour l'abattre chaque fois qu'il a eu vent de sa présence: dans l'Ouar­senis, à Chréa, des régiments furent mobilisés dans l'es­poir de mettre la main sur Si Mohamed, les avions arro­saient chaque fois la région de napalm, de bombes de toutes sortes, des hélicoptères déposaient des hommes sur toutes les crêtes. Si Mohamed ne se départissait jamais de son calme. Avec son flair coutumier, son courage, il passait chaque fois entre les mailles du filet.

Aux provocations ennemies, il répondait en mobilisant la population à crier son adhésion aux mots d'ordre du FLN. Il organisa de main de maître les manifestations de Juillet 1961 contre la partition de l'Algérie, dans la capitale et dans toutes les villes.

Si Mohamed est assurément une grande figure de la guerre de libération. Sa volonté de faire qui s'affermissait à mesure que la guerre se durcissait, en faisait un Chef exception­nel, doté de qualités d'homme exceptionnelles. L'homme était vénéré par les djounoud. Intransigeant sur les principes, il témoignait une grande affection pour ses compa­gnons. Le journaliste italien qu'il reçut un jour en plein maquis de Chréa est surpris par la simplicité de son maintien parmi les djounoud. Comme beaucoup de responsa­bles,   il avait des gestes pleins de sensibilité. Combien de fois ne l'a-t-on vu offrir sa tenue à un djoundi dont le treillis était en trop mauvais état. Voyant un Moudjahid avec ses pataugas troués, il offrait volontiers sa paire de chaussures. Il relevait au milieu d'une nuit glaciale, le djoundi en poste de sentinelle, voulant lui aussi assurer son tour de garde. On le voyait alors qu'il était responsable de la Wilaya et qu'il pouvait très bien envoyer un agent de liaison au P.C. aller seul au Merkez (centre) s'enquérir de l'arrivée du courrier, de la situation dans tel ou tel poste du maquis.

Animé d'une fermeté hors du commun, l'homme parlait peu. Il communiquait par contre facilement la chaleur de ses sentiments à ses compagnons. Les yeux vifs, le sou­rire facile et plein d'intelligence mettait à l'aise les djou­noud qui le rencontraient pour la première fois.

En homme ayant tout sacrifié à la cause nationale, il ne broncha même pas quant un agent de liaisons lui annonça la mort de sa mère dans un bombardement dans l'Ouarsenis. Il en fut de même de son père, Cheikh Mustapha, connu par sa simplicité et son bon sens. Son frère aîné, Mohamed, était dans les geôles colonialistes depuis 1955. La maison familiale fût rasée au moment où Si Mohamed rejoignait le maquis. Malgré la fatigue des dernières années, Si Mohamed s'acharnait inlassablement à perfectionner les moyens de lutte.

Au printemps 1961, le bilan était certes positif. A travers les six zones qui composent la Wilaya, des Algériens enrôlés dans l'Armée Française rejoignaient l'ALN. Un réseau de "canaux" rapide liaisonnaient la Wilaya aux différentes zones, aux centres urbains. Les communica­tions avec l'extérieur, par l'Europe, s'étoffaient. La création de Comités Urbains selon un organigramme simple, effi­cace, donnait une vie nouvelle à l'organisation. A El-Djazaïr, la réimplantation du FLN-ALN était totalement consolidée.

Pour mieux asseoir l'organisation et devant donner d'autres dimensions à la lutte, Si Mohamed choisit Blida pour l'exécution de plans audacieux et installa les services de transmissions et de propagande et d'infor­mation en plein cœur de la Mitidja. Il y installe un PC momentané à Blida. Celui que l'adversaire avait surnommé "le loup de l'Ouarsenis" allait installer son PC en ville, les impératifs de guerre dictaient ses choix.

C'est à partir de Blida que les grèves et les ma­nifestations de juillet furent préparées et organisées. Du 1er Juillet et se poursuivant jusqu'au 5, des manifestations grandioses allaient éclater de l'Orléanvillois (région du Chéliff) jusqu'à la Mitidja, au Sahel et dans la capitale. Des centaines de milliers d'Algériennes et d'Algériens allaient braver la mort, opposant leurs poings nus en face de l'horrible appa­reil de répression, scandant dans un enthousiasme délirant les mots d'ordre et slogans du FLN. A partir de Blida, Si Mohamed organisa avec minutie un transport d'armes de guerre en provenance de l'extérieur.

C'est en pleine action, animé par un souffle inaltérable, bravant la mort que Si Mohamed et quelques compagnons furent surpris dans la nuit du 8 août 1961 au PC qui se trouvait dans la maison de Naïmi. L’alerte fût donnée vers 21 H. Le combat ne tarda pas à s'engager entre les quatre hom­mes de l'ALN, dont le Chef de la Wilaya, et les troupes françaises.

Des moyens exceptionnels furent employés du côté ennemi. Un régiment de parachutistes, le 11ème régiment de choc, rattaché à la présidence du conseil, fût dépêché sur les lieux depuis la Corse. Les parachutistes locaux, les garnisons de Blida participaient en grand nombre a l'opération.

Si Mohamed et ses compagnons résistèrent vaillam­ment selon un plan vite tracé par Si Mohamed. Les assié­gés rejoignirent les encoignures de la maison et de leurs positions,ils couvraient trois directions. Ils brûlèrent aupa­ravant tous les documents en leur possession. Ils purent résister des heures contre les troupes les mieux entraînées que possédait l'armée française. Il mirent hors de combat plusieurs soldats. Ils devaient succomber sous le nombre, le combat étant trop inégal. Il était minuit environ.

Si Mohamed, Si Khaled, Chef de liaisons de la Wilaya, Si-Abdelkader, opérateur radio, le jeune militant Naïmi Mustapha succombèrent sous les rafales ennemies. Mohamed (Mohamed Teguia, plus tard professeur d’histoire à l’Université d’Alger) responsable du service propagande et infor­mation, blessé grièvement, fut fait prisonnier, de même que deux autres militants, membres de la famille qui hé­bergeait le PC.

Les Services d'information français annoncèrent à grand fracas la mort de Si Mohamed, criant très vite victoire.

Dès que les djounoud apprirent sa mort, plusieurs actions de commando seront menées à travers toute la Wilaya. L'action se poursuivra à Alger par des coups de main spectaculaires. Le combat continuait de plus belle, inspiré des idéaux de lutte et de sacrifices inculqués par Si Mohamed, Si M’Hamed et tant d'autres héros, tombés les armes à la mains.

Avec la mort de Si Mohamed, c'est une grande figure de l'histoire de la révolution qui disparaissait. Chef autant politique que militaire, Si Mohamed a marqué tous les cadres et Moudjahidine qui l'ont connu.

De lui, les Moudjahidine gardent le souvenir d'un Chef audacieux, aux grandes capacités d'organisation, d'un hom­me pur, d'un héros admiré. Son sacrifice suprême, celui de centaines de milliers d'Algériens tombés ça et là sur la terre natale, permirent à l'ALGERIE d'arracher quelques mois plus tard sa liberté et son indépendance.

GLOIRE ETERNELLE A NOS MARTYRS

Bounaama

La biographie officielle