Le
8 Août 1961, tombait au champ d'honneur, en plein cœur de Blida, le
Commandant Si Mohamed, Chef de la Wilaya IV.
Avec
quelques compagnons, Si Mohamed a résisté pendant des heures à
l'assaut des troupes les mieux entraînées que possédait l'Armée
française.
Par
la mort de Si Mohamed, la Wilaya 4 venant de perdre un Chef prestigieux.
Avec Si-M'Hamed, le Commandant Si Mohamed a été sans aucun doute, la
plus forte personnalité de la Wilaya 4. Le commandement français ne
le tient-il pas pour "le Chef le plus dynamique, sans contexte de
tout l'intérieur".
Si
Mohamed, de son vrai nom BOUNAAMA Djillali est né le 16 avril 1926 en
plein cœur de l'Ouarsenis, à Molière, village qui porte désormais
son nom, dans le Douar de Beni-Hendel.
C'est
dans cette région montagneuse dont la rudesse imprégnait les hommes,
que Si Mohamed a passé son enfance. Il fait des études primaires qu'il
ne tardera pas à perfectionner dans les activités nationalistes
auxquelles il se voue dès son jeune âge.
Membre
du MTLD, il devient rapidement responsable de la Section de Boucaïd. Sa
fonction l'amena à être en contact avec d'autres militants de Chlef,
Oran et d'Alger, où il se déplaçait souvent pour les tâches du
Parti.
Il
excella dans la pratique de la clandestinité et fit preuve de courage
et d'un dynamisme qui forcèrent l'admiration des militants.
Membres
de l'O.S, ses
activités nationalistes lui valurent bien des démêlés avec
l'Administration coloniale. Arrêté une première fois, il continue la
lutte dès sa libération.
Il
se lie aux mineurs de Boucaïd, où une société franco-belge exploite
une mine de plomb. Il mobilisera les mineurs en 1951. Il animera une grève
qui durera cinq mois.
Si
Mohamed fait partie de l'avant-garde des militants qui, à l'époque,
soutenaient que seule la lutte armée arracherait l’Algérie des
griffes du colonialisme.
Si
Mohamed fût arrêté dès les premiers jours de Novembre 1954. Il
racontera plus tard que les policiers venus l'arrêter
lui glissèrent un pistolet dans la poche. Le motif de
l'arrestation se fabrique ainsi cyniquement pour un semblant de légalité.
Relâché
en 1955, comme plusieurs militants du MLTD, il fut assigné à résidence
à ORAN. Il se rendit clandestinement à Chlef, où il reprit contact
avec l'organisation de la région. Il se mettra rapidement à sillonner
l'Ouarsenis et le Dahra avec Si El-Baghdadi, le premier chef de la région.
Le
travail qu'il entreprit avec un noyau de militants est gigantesque. Il
fallait gagner à la cause nationale toutes les populations de
l'Ouarsenis. Son dynamisme, sa ténacité à toute épreuve lui
permirent au bout de quelque temps de faire des Monts de l'Ouarsenis un
bastion du FLN-ALN, une citadelle inexpugnable.
Il
faillait d'abord réduire les groupuscules qui s'étaient implantés
avant l'ALN dans la région. Dans cette tâche, il fit preuve de
diplomatie, parfois de ruses remarquables.
Il
parvient en quelques mois à persuader les différents groupuscules, au
besoin par la force, à rejoindre et à s'intégrer dans l'ALN : ainsi
il en fut des Messalistes, de Masmoudi et ses groupes, etc.
Au
printemps 1956, le travail de pénétration était largement achevé
et le FLN-ALN régnait sur une vaste région stratégique de l'Ouarsenis
au Dahra.
Membre
du Conseil de zone en fin 1956, d'après les nouvelles structures décidées
par le Congrès de la Soummam, avec le grade de lieutenant militaire,
il aillait mettre sur pied des unités aguerries, qui allaient se lancer
à l'attaque des unités françaises, harceler les cantonnements, les
convois motorisés dans le Dahra, sur les Monts du Zaccar, de Ténès,
Theniet El-Had à l'Ouarsenis. Des groupes de fidaï, de moussebiline
entretenaient un climat d'insécurité dans la plaine du Cheliff, aux
abords des villes comme Chlef, El-Khemis, Miliana, etc...
Si
Mohamed est promu aux fonctions de Chef de la zone 3 durant l'été
1957. Une vaste région qui couvre la vallée du Cheliff, tout le massif
de l'Ouarsenis, une partie de la plaine du Sersou, le massif du Dahra.
Elle s'étendait du Nord de Ténès à Tipaza, au Sud de Letournaux à
Ammi Moussa.
En
tant que Chef de zone, Si Mohamed fit un travail colossal.
L'organisation politique touchait toute la population en contact avec
l'ALN. Chaque douar, chaque dechra étaient structurés, dotés
d'assemblées du peuple dont les membres occupaient des fonctions aussi
précises que variées: affaires politiques, affaires administratives et
sociales, justice, hygiène, etc.
Chaque
région était dotée d'une katiba (compagnie) dont l'objectif était la
destruction du potentiel ennemi. Les Katibas sillonnaient toutes les régions
de la zone, tendaient des embuscades aux convois ennemis, harcelaient
les postes militaires. Les Katibas furent en même temps des écoles de
cadres où le djoundi, tout en faisant de l'action militaire sa préoccupation
première, recevait en même temps une formation politique qui élargissait
ses horizons, approfondissait les principes de la lutte armée car étant
appelé au bout de quelque temps à occuper des responsabilités au
niveau du secteur, de la région, voire de la zone.
La
formation est plus poussée au sein des commandos Katibas d'élite.
Chaque zone avait son commando, composé des meilleurs éléments puisés
dans les Katibas de région.
Le
commando était très mobile, doté d'une puissance de feu meurtrière.
Ce sont les commandos qui réalisèrent les actions les plus
spectaculaires, perpétuant les exploits du héros Ali Khodja, qui
dirigea le premier un commando.
Les
Services annexes de l'ALN s'occupaient des tâches spécialisées
-
des infirmeries soigneusement abritées et efficacement protégées, dotées
de personnel dévoué soignaient djounoud et civils, victimes des
bombardements ennemis.
-
L'intendance organisait des cantines ou relais pour les djounoud, créait
des magasins de ravitaillement qui permettaient à une population
recherchée par l'ennemi et qui vivait cramponnée aux djebels, loin des
centres urbains, à s'approvisionner.
-
Le génie militaire construisait des casemates, des abris anti-aériens.
Les Services artificiers fabriquaient et posaient des mines en se
procurant l'explosif soit par le biais des militants de l'Organisation
Urbaine, soit en récupérant bombes et obus de l'Armée Française.
-
Des écoles furent ouvertes partout, souvent dans des abris
sous-terrains. Une alphabétisation massive, dans la langue nationale,
était entreprise par l'ALN.
-
L'ALN disposait de ses propres ateliers de tailleurs affectés à la
confection de tenues pour les djounoud,
d'ateliers d'armuriers pour la réparation des armes.
-
Les postes de liaison étaient installés sur tous les parcours des unités
et assuraient le transport du courrier.
A
la fin 1957, l'Organisation politico-militaire a atteint, grâce à
l'impulsion de Si Mohamed, au dévouement de cadres de valeur, un tel
degré d'efficacité et de force dans l'Ouarsenis, qu'on peut considérer
que la région était devenue une véritable zone libérée. L'ennemi
ne s'y aventure jamais durant toute l'année 1958. Seule l'aviation
s'acharnait contre les populations civiles en bombardant tout ce qui
bouge, utilisant le napalm, les bombes à retardement etc.
Si
Mohamed ne négligea pas les Services de Sécurité et de Surveillance
pour prémunir les populations civiles et l'ALN de pertes inutiles.
Pratiquement sur chaque piton, chaque crête, une sentinelle civile était
en poste et signalait tout mouvement ennemi, aux alentours des cantonnements
où la soldatesque française demeure clouée. L'alerte était très
vite donnée par un système de relais de sentinelle à sentinelle.
SI
MOHAMED possédait des qualités militaires qui en font un grand stratège
de guérilla. Sous sa direction, les katibas et commandos détruisirent
nombre d'unités ennemies alliant toujours la surprise à la rapidité
dans l'exécution. Souvent, il prenait lui-même la tête de l'unité
et sa seule présence parmi les djounoud insufflait à ces derniers une
ardeur et une combativité exceptionnelles.
De
grandes opérations furent préparées et exécutées sous ses ordres
directs
-
Destruction d'une unité motorisée près de Narbot
-
destruction d'une compagnie de cavalerie au nord-ouest de Theniet
El-Had et la capture de son chef
-
occupation du village Souk El-Had
-
coup de main de Lamartine où une trentaine de militaires furent
faits prisonniers.
-
Il dirige lui même le bataillon opérationnel de l'Ouarsenis qui
tend une embuscade au convoi circulant sur la route Chlef-Bounaama où
deux avions furent abattus.
A
partir de Janvier 1959, l'ennemi déclenche une opération de très
grande envergure, une offensive baptisée "Couronne" pour
venir à bout de l'Ouarsenis. A la tête de plusieurs compagnies, Si
Mohamed tint tête aux hordes ennemies qui avaient mis en branle des
moyens colossaux, avec plusieurs dizaines de milliers de soldats, des
centaines d'avions, hélicoptères, l'artillerie en nombre impressionnant.
Le combat dura plusieurs semaines et s'étendait sur tout
l'Ouarsenis. Déjouant
la manœuvre
ennemie Si Mohamed ordonne l'éclatement des unités en petits
groupes et leur fixe des objectifs: dégarnir les montagnes, harceler
les arrières ennemis, an s'attaquant à la plaine et les faubourgs des
villes, procéder au harcèlement des centres urbains. Ainsi, il mit en
échec l'objectif ennemi qui, en mobilisant sur une région limitée
toutes ses réserves tactiques dont disposait l'Armée Française,
visait l'écrasement des unités de l'ALN.
Grâce
à ses qualités de Chef politique clairvoyant, de chef militaire doté
de qualités
exceptionnelles, Si Mohamed fut sans contexte un Chef d'une
envergure inégalable.
Fin
1958, il fut appelé au Conseil de la Wilaya, en qualité de Commandant
Militaire, aux côtés de Si-M'hamed, qui l'estimait énormément. A la
mort de ce dernier, tombé héroïquement à Ouled Bouachra le 5 Mai
1959, Si Mohamed et Si-Salah allaient assurer collégialement la
Direction de la Wilaya.
A
la tête de la Wilaya, avec à ses côtés le Commandant Si Salah (de
son vrai nom Zaamoun Mohamed, Si Mohamed allait continuer inlassablement
le travail accompli par Si-M'hamed, le modulant, le perfectionnant au gré
de l'évolution de la lutte armée. Il aura dans les années 1959 et
1960 à faire face à des épreuves difficiles. Les années 1959 - 1960
furent des années dures où l'ennemi n'hésita devant rien, employant
des moyens jamais mis en oeuvre jusque là.
Ne
se plaignant jamais de fatigue, ni du manque de sommeil bien que de santé
fragile, de sa démarche régulière, Si Mohamed allait sillonner le
territoire de la Wilaya. Il était partout, contrôlant, réorganisant,
s'informant de la situation dans chaque zone, chaque région. Du PC de
la Wilaya, il se déplaçait souvent, des monts de Chréa vers
l'Ouarsenis et vice-versa pour faire échec aux opérations ennemies.
Ses directives claires, précises, véritables documents de travail,
parvenaient aux état-majors de zones, leur prescrivant le schéma de
l'organisation à mettre on place dans les villes, les liaisons à prévoir,
le noyautage à pratiquer dans les rangs ennemis.
Dans
les centres urbains et dans la plaine, devant prendre le relais des
campagnes, Si Mohamed conçoit une organisation très élaborée. Il
ordonnait de tisser autour des centres urbains un dense réseau de
liaisons, de renseignements, de ravitaillement rigoureux; Chaque
militant ou responsable ne connaît qu'un seul correspondant.
Les
liaisons entre la Wilaya et les zones se font désormais par voies
rapides, au moyen de boîtes postales implantées dans les villes
entre les mains de militants sûrs.
EL-DJAZAIR,
dont la direction est confiée à la Wilaya 4 l'été 1960, fut doté
d'un Conseil de zone. Une zone nouvelle, la zone 6, est créée,
comprenant EI-Djazaïr, une partie du Sahel et de la Mitidja. Pour ce
faire, Si Mohamed mobilise plusieurs cadres d'état-major, de zone, de région,
de secteur en choisissant des éléments aguerris au combat urbain. La
reprise en mains de la capitale ne tardera pas à s'effectuer.
Il
entreprit un travail colossal de propagande et d'information. Il ne se
passa pas une semaine sans que le puissant Service Spécialisé ne rédigeât
un tract tiré à des milliers d'exemplaires et distribué à Alger,
Blida, Médéa, El-Asnam, Miliana et dans tous les centres urbains.
Chaque exaction française était portée à l'opinion publique, chaque
nouvelle entreprise sournoise de l'ennemi était analysée, disséquée
et dévoilée aux populations. Des slogans clairs et précis étaient
repris sans cesse dans les nombreux tracts écrits par Si Mohamed. Ces
efforts ne tardèrent pas à produire leurs effets.
Ainsi,
le peuple allait sortir en masse dans un mouvement irrésistible,
manifestant son appartenance du FLN et aux mots d'ordre de liberté et
d'indépendance. Ce furent les manifestations grandioses du 11 décembre
1960 où le peuple bravant la mort sortit dans la rue, scandant les mots
d'ordre du FLN, opposant ses mains nues à la machine de répression.
Les manifestants étaient encadrés par les militants de l'ALN-FLN.
Ainsi l'officier Zoubir, de son vrai nom Boualem Rouchaï, allait mourir
lors de ces manifestations.
A
partir d'El-Djazaïr, Si-Mohamed entretient un contact étroit avec les
autres Wilayas, avec les instances suprêmes de la révolution. Des
agents de liaison l'informaient régulièrement des missions qu'il
leur confiait à l'intérieur et vers l'extérieur du pays,
transportaient des fonds, du courrier.
"ETRE
UN CHEF, CE N'EST PAS SEULEMENT FAIRE UNE OEUVRE, C'EST SURTOUT FAIRE
DES HOMMES, LES CONOUERIR LES AIMER ET EN ETRE AIME", aimait écrire
Si Mohamed. Faisant sienne cette devise, il ne négligea jamais la
formation des hommes. Il rédigea à l'intention des unités le Guide du
Fidai, recueil remarquable de grands principes de la guérilla, une
somme de tactiques de combat. Ce manuel devient vite le sujet d'étude
et de discussions par les Moudjahidine.
Si
Mohamed fit face aux manœuvres les plus diaboliques de l'adversaire.
C'était une performance que d'avoir su déjouer les pièges de toutes
sortes de l'ennemi avec ses généraux, utilisant des moyens matériels
puissants. De main de maître, il déjoua magistralement ce qu'on appelé
"l'Affaire de l'Elysée", mettant en échec une tentative très
grave de division de l'ALN, d'affaiblissement du potentiel de résistance.
L'ennemi ne lui pardonnera jamais et mobilisa des forces énormes pour
l'abattre chaque fois qu'il a eu vent de sa présence: dans l'Ouarsenis,
à Chréa, des régiments furent mobilisés dans l'espoir de mettre la
main sur Si Mohamed, les avions arrosaient chaque fois la région de
napalm, de bombes de toutes sortes, des hélicoptères déposaient des
hommes sur toutes les crêtes. Si Mohamed ne se départissait jamais de
son calme. Avec son flair coutumier, son courage, il passait chaque fois
entre les mailles du filet.
Aux
provocations ennemies, il répondait en mobilisant la population à
crier son adhésion aux mots d'ordre du FLN. Il organisa de main de maître
les manifestations de Juillet 1961 contre la partition de l'Algérie,
dans la capitale et dans toutes les villes.
Si
Mohamed est assurément une grande figure de la guerre de libération.
Sa volonté de faire qui s'affermissait à mesure que la guerre se
durcissait, en faisait un Chef exceptionnel, doté de qualités
d'homme exceptionnelles. L'homme était vénéré par les djounoud.
Intransigeant sur les principes, il témoignait une grande affection
pour ses compagnons. Le journaliste italien qu'il reçut un jour en
plein maquis de Chréa est surpris par la simplicité de son maintien
parmi les djounoud. Comme beaucoup de responsables,
il avait
des gestes pleins de sensibilité. Combien de fois ne l'a-t-on vu offrir
sa tenue à un djoundi dont le treillis était en trop mauvais état.
Voyant un Moudjahid avec ses pataugas troués, il offrait volontiers sa
paire de chaussures. Il relevait au milieu d'une nuit glaciale, le
djoundi en poste de sentinelle, voulant lui aussi assurer son tour de
garde. On le voyait alors qu'il était responsable de la Wilaya et qu'il
pouvait très bien envoyer un agent de liaison au P.C. aller seul au
Merkez (centre) s'enquérir de l'arrivée du courrier, de la situation
dans tel ou tel poste du maquis.
Animé
d'une fermeté hors du commun, l'homme parlait peu. Il communiquait par
contre facilement la chaleur de ses sentiments à ses compagnons. Les
yeux vifs, le sourire facile et plein d'intelligence mettait à l'aise
les djounoud qui le rencontraient pour la première fois.
En
homme ayant tout sacrifié à la cause nationale, il ne broncha même
pas quant un agent de liaisons lui annonça la mort de sa mère dans un
bombardement dans l'Ouarsenis. Il en fut de même de son père, Cheikh
Mustapha, connu par sa simplicité et son bon sens. Son frère aîné,
Mohamed, était dans les geôles colonialistes depuis 1955. La maison
familiale fût rasée au moment où Si Mohamed rejoignait le maquis.
Malgré la fatigue des dernières années, Si Mohamed s'acharnait
inlassablement à perfectionner les moyens de lutte.
Au
printemps 1961, le
bilan était certes positif. A travers les six zones qui composent la
Wilaya, des Algériens enrôlés dans l'Armée Française rejoignaient
l'ALN. Un réseau de "canaux" rapide liaisonnaient la Wilaya
aux différentes zones, aux centres urbains. Les communications avec
l'extérieur, par l'Europe, s'étoffaient. La création de Comités
Urbains selon un organigramme simple, efficace, donnait une vie
nouvelle à l'organisation. A El-Djazaïr, la réimplantation du FLN-ALN
était totalement consolidée.
Pour
mieux asseoir l'organisation et devant donner d'autres dimensions à la
lutte, Si Mohamed choisit Blida pour l'exécution de plans audacieux et
installa les services de transmissions et de propagande et d'information
en plein cœur de la Mitidja. Il y installe un PC momentané à Blida.
Celui que l'adversaire avait surnommé "le loup de
l'Ouarsenis" allait installer son PC en ville, les impératifs de
guerre dictaient ses choix.
C'est
à partir de Blida que les grèves et les manifestations de juillet
furent préparées et organisées. Du 1er Juillet et se poursuivant
jusqu'au 5, des manifestations grandioses allaient éclater de l'Orléanvillois
(région du Chéliff) jusqu'à la Mitidja, au Sahel et dans la capitale.
Des centaines de milliers d'Algériennes et d'Algériens allaient braver
la mort, opposant leurs poings nus en face de l'horrible appareil de répression,
scandant dans un enthousiasme délirant les mots d'ordre et slogans du
FLN. A partir de Blida, Si Mohamed organisa avec minutie un transport
d'armes de guerre en provenance de l'extérieur.
C'est
en pleine action, animé par un souffle inaltérable, bravant la mort
que Si Mohamed et quelques compagnons furent surpris dans la nuit du 8
août 1961 au
PC qui se trouvait dans la maison de Naïmi. L’alerte fût donnée
vers 21 H. Le combat ne tarda pas à s'engager entre les quatre hommes
de l'ALN, dont le Chef de la Wilaya, et les troupes françaises.
Des
moyens exceptionnels furent employés du côté ennemi. Un régiment de
parachutistes, le 11ème régiment de choc, rattaché à la présidence
du conseil, fût dépêché sur les lieux depuis la Corse. Les
parachutistes locaux, les garnisons de Blida participaient en grand
nombre a l'opération.
Si
Mohamed et ses compagnons résistèrent vaillamment selon un plan vite
tracé par Si Mohamed. Les assiégés rejoignirent les encoignures de
la maison et de leurs positions,ils couvraient trois directions. Ils brûlèrent
auparavant tous les documents en leur possession. Ils purent résister
des heures contre les troupes les mieux entraînées que possédait
l'armée française. Il mirent hors de combat plusieurs soldats. Ils
devaient succomber sous le nombre, le combat étant trop inégal. Il était
minuit environ.
Si
Mohamed, Si Khaled, Chef de liaisons de la Wilaya, Si-Abdelkader, opérateur
radio, le jeune militant Naïmi Mustapha succombèrent sous
les rafales ennemies.
Mohamed (Mohamed Teguia, plus tard professeur d’histoire à l’Université
d’Alger) responsable du service propagande et information, blessé
grièvement, fut fait prisonnier, de même que deux autres militants,
membres de la famille qui hébergeait le PC.
Les
Services d'information français annoncèrent à grand fracas la mort de
Si Mohamed, criant très vite victoire.
Dès
que les djounoud apprirent sa mort, plusieurs actions de commando seront
menées à travers toute la Wilaya. L'action se poursuivra à Alger par
des coups de main spectaculaires. Le combat continuait de plus belle,
inspiré des idéaux de lutte et de sacrifices inculqués par Si
Mohamed, Si M’Hamed et tant d'autres héros, tombés les armes à la
mains.
Avec
la mort de Si Mohamed, c'est une grande figure de l'histoire de la révolution
qui disparaissait. Chef autant politique que militaire, Si Mohamed a
marqué tous les cadres et Moudjahidine qui l'ont connu.
De
lui, les Moudjahidine gardent le souvenir d'un Chef audacieux, aux
grandes capacités d'organisation, d'un homme pur, d'un héros admiré.
Son sacrifice suprême, celui de centaines de milliers d'Algériens tombés
ça et là sur la terre natale, permirent à l'ALGERIE d'arracher
quelques mois plus tard sa liberté et son indépendance.
GLOIRE
ETERNELLE A NOS MARTYRS
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