Si
M'hamed Bougara, commandant de la wilaya IV historique de 1957 à
1959, a dirigé la région la plus difficile du pays pendant une des
périodes les plus dures de la guerre de libération.
Ouvert,
montrant un esprit démocratique, extrêmement populaire, ce géant
connu pour son sens de l'humour a
aussi su allier des qualités de stratège militaire et de fin
politique, en participant à des opérations majeures, comme
l'accueil des étudiants qui rejoignaient le FLN en 1956 ou
l'élimination de Kobus l'année suivante.
Navigant
entre l'Ouarsenis, les monts de Blida et de Médéa, le Dhahra et la
région de Lakhdharia, avec son célèbre maquis de Bouzegza, il a
également établi et maintenu des contacts avec les autres wilayas
pour coordonner l'action politique et militaire.
De son vrai nom
Ahmed Ben Larbi Bougara, Si M'Hamed est né
le 2 décembre 1928 à Khemis-Miliana, dans la wilaya de Aïn-Defla.
Issu d'une famille modeste, doté d'une double culture, acquise dans
sa ville natalité, à Alger où il suit une formation technique puis à la Zitouna de Tunis, où il se rend en
1946, Bougara avait suivi le cheminement traditionnel de l'époque,
des Scouts Musulmans Algériens (SMA) au PPA-MTLD, puis l'Organisation Secrète, jusqu'au 1er novembre 1954, date à laquelle il rejoint les
rangs de l'Armée de Libération Nationale (ALN).
Il
est nommé responsable politique de zone dès
1955, puis commandant en 1956, année du déroulement
du congrès de la Soummam, auquel il participe au sein de la
délégation de la wilaya IV. Il y côtoie les plus grands noms de
l'époque, de Abane Ramdane à Larbi Ben M'hidi, Amirouche et Krim
Blekacem.
En
1958, alors qu'il est à la tête de la wilaya IV, il participe à une
réunion des Commandants
des wilayas historiques, tenue le 6 décembre à El-Milia, dans le nord constantinois.
Si
M'Hamed a montré une maîtrise exceptionnelle dans la direction de la
wilaya IV, dans une situation extrêmement difficile. Encadrer
politiquement sa région, faire face aux grandes opérations
militaires de l'armée française, maintenir la cohésion de ses
troupes, coordonner le travail avec les autres wilayas et avec
l'extérieur, répondre efficacement mais sans excès aux opérations
des services spéciaux français, tout en maintenant une pression
militaire constante sur l'armée coloniale: il a réussi à mener tout cela de
front jusqu'à sa mort, le 5 mai 1959 à Ouled Bouachra, dans les
montagnes au sud de la wilaya de Médéa.
Il
a réussi à imposer de véritables zones libérées dans l'Ouarsenis,
le Zaccar, l'Atlas blidéen et les monts de Médéa, tout comme il a
dirigé de grandes
batailles
à Amrouna,
Theniet El-Had, dans l'Ouarsenis, à Bouzegza, dans le Zaccar et aussi
à Oued El-Maleh, Oued Fodda.
En
ce début d'été 59, Bougara se trouvait avec une importante unité
dans la région de Médéa quand, tard dans la nuit, des phares de
véhicules ont commencé à converger de toutes les directions vers la
région où il se trouvait. C'était un encerclement mené avec
plusieurs milliers d'hommes. Au petit matin, la bataille a commencé.
Elle a duré des heures. Plusieurs dizaines de moudjahidine y ont sont
sont tombés. Parmi eux, Si M'Hamed Bougara.
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